4e dimanche de Carême

La Samaritaine a très vite reconnu en Jésus une eau vive qui n’est pas l’eau du puits de Jacob. Il faudra plus de temps et passer par des épreuves à l’aveugle de naissance pour reconnaître en Jésus la lumière qui n’est pas celle dont les yeux ont besoin. Une autre catéchèse pour la première Eglise, pour notre temps aussi.

1. Aveugle de naissance, il mendiait aux portes du Temple, parce que ne pouvait pas y entrer celui dont on disait qu’il devait son handicap à un péché personnel ou dû à l’un de ses parents. Un jour de sabbat parce que c’est un jour d’affluence. Un habitué des lieux auquel on ne devait plus porter grande attention. Mais Jésus, lui, le vit. Dès lors cet aveugle, inconnu jusque-là, va tenir le devant de la scène pendant laquelle disciples, parents, pharisiens devront dire qui est Jésus.

2. Dans ce récit Jean met en scène le thème qui lui est cher, le combat de la lumière contre les ténèbres, annoncé dès les premiers mots de son évangile : le Verbe est « la lumière des hommes et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point comprise… il venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli. » Ce récit va en fournir l’illustration. L’essentiel du récit ne réside pas dans le fait de la guérison elle-même mais dans l’accueil qui est fait à son auteur. « Ce n’est pas lui » disent des voisins. Mais si, attestent les parents qui pourtant, par crainte des pharisiens, s’esquivent quand il s’agit de désigner Jésus. Les pharisiens, eux, savaient mais « s’étaient mis d’accord pour exclure de leur assemblée tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. » Pour justifier leur refus, ils ont recours à tous les moyens employés comme des avocats à charge : non, cet homme n’a jamais été aveugle et doit être condamné pour faux témoignage, soutien d’un imposteur, et jeté dehors. C’est là que Jésus va le chercher. Ce nouveau voyant verra maintenant bien plus que ses yeux : « Seigneur, je crois ! »

3. On retrouvera les mêmes attitudes devant l’événement de la résurrection. Les uns nieront, d’autres douteront, mais les apôtres soutiendront sans peur mais pas sans risques : « Ce Jésus qui était mort, nous l’avons-vu vivant. » Ils seront traités d’affabulateurs, voire de fous, comme l’écrit Paul, et seront jetés hors des synagogues. On n’est pas en droit de condamner l’une ou l’autre des positions des intervenants du récit. Elles peuvent être ou avoir été des nôtres. Les siècles ont passé et l’événement nous interroge toujours. Les disciples avaient bien entendu Jésus leur confier ce qui devait être leur mission : « Vous êtes la lumière du monde, le sel de la terre. » Un examen de conscience nous met vite devant nos interrogations comme celle des voisins, devant nos distances comme celle des parents de cet homme, voire de nos refus lorsqu’il s’agit de porter attention à ceux qui attendent que nous les regardions. Nos gestes, si modestes, ce n’est pas la boue et la salive qui ont guéri cet homme mais sa confiance. Nous sommes toujours tentés d’en manquer : c’est alors qu’il nous faut revenir à Celui qui veut être notre lumière : « Seigneur, je crois ! »


Aveugle, il était né, aveugle il devait rester.
Pour les siens, il y avait été condamné.
A la porte qu’on n’ouvre qu’aux croyants,
Il ne pouvait qu’être à jamais mendiant.

Par-là, Seigneur, tu es passé et tu as vu
Qu’il tendait la main pour un autre obole
Que celle que nous donnons sans parole,
Telle une aumône à n’importe quel inconnu

En lui touchant les yeux qui ne voyaient plus
Tu lui as donné de la chaleur qui est tienne
Avec la lumière qui n’a pas d’autre soleil
Que ton cœur ouvert à tous les exclus.

Donne-moi Seigneur un peu de tes gestes
De ceux qui donnent force d’espérance
Et qu’en te faisant la plus grande confiance
On voit bien au-delà de nos horizons terrestres.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 19/03/2023