Aveu pour aveu (Je suis croyant pas pratiquant)

"Je suis croyant, pas pratiquant..."

Quel prêtre ou évêque n’a pas entendu cent fois, mille fois cet aveu, souvent suivi, chez les hommes, de quelques vieux souvenirs d’enfants de choeur, et d’histoires de burettes dans les sacristies.

Tout aveu doit être respecté. Mais il peut être réfléchi et même questionné :

Respecté ?

Parce que chacun a son chemin. Parce que nul ne peut condamner son frère. Parce que, Jésus l’a souvent remarqué, la foi la plus belle peut être celle de l’étranger païen qui ne vient jamais à l’assemblée de prière.

Réfléchi ?

Parce que, le plus souvent, ceux et celles qui ne pratiquent plus ont été des fidèles du dimanche pendant de longues années. Ils ont sans doute leur part de responsabilités, mais nous avons aussi les nôtres, et ce sont celles-là que nous avons à réfléchir : messes jugées ennuyeuses ; lectures mal proclamées ; manque de collaborations entre les équipes liturgiques et les groupes divers de la paroisse qui pourraient prendre en charge, avec elles, l’animation dominicale (caté, scouts, aumôneries de jeunes, équipes d’action catholique, SOS, Coopération Missionnaire, CCFD, etc.) ; absence d’accueil des nouveaux ; regard de travers sur les personnes divorcées remariées qui tiennent à participer à l’Eucharistie autant qu’elles le peuvent ; homélies trop peu préparées ; lieux tristes ; assistance passive et dispersée. Sur tout cela, nous pouvons et devons progresser.

Questionné ?

En effet, l’expression "je suis croyant, pas pratiquant" peut être humblement questionnée. Je peux vous faire un aveu personnel : je suis pratiquant parce que je ne suis pas assez croyant. Cela peut vous surprendre, mais c’est ainsi. Parce que toute messe ravive ma foi. Parce que toute messe, avec ou sans bonne homélie, me fait entendre la Parole de Dieu. Parce que toute messe, avec ou sans chants, me permet de rendre grâce à Dieu le Père pour le don plénier de son Fils Jésus. Parce que toute messe, avec beaucoup ou peu de monde, me permet de me reconnaître pécheur devant mes frères. Parce que toute messe m’appelle à vivre de l’Esprit ma vie de tous les jours.

Toute messe éveille, réveille, envoie...
Sans elle, je me demande souvent ce que je deviendrais...
Aveu pour aveu !

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François GARNIER

Archevêque de Cambrai († 2018).

Publié: 30/11/2002