On ne naît pas chrétien, on le devient

On ne naît pas chrétien, on le devient.

Si les chemins sont variés pour le devenir, celui des enfants est souvent balisé par la catéchèse. S’appuyant sur une expérience de terrain quel constat pouvons-nous faire ?

Aujourd’hui

Si les familles, premiers éducateurs de leurs enfants sont moins nombreuses qu’hier à proposer la foi, elles restent majoritairement convaincues que l’enfant a besoin de grandir harmonieusement dans sa tête, dans son corps et dans son cœur. Le catéchisme va permettre ce mûrissement, cette ouverture aux autres, à l’Autre : Dieu.

Pour d’autres familles, le choix est laissé à l’enfant. Il est libre de se préparer aux sacrements mais se retrouve seul pour assumer ses engagements de chrétien : le voilà dans une impasse car on n’est pas chrétien tout seul.

D’autres situations existent bien sûr, comme celles des familles séparées, recomposées ou éprouvées. Elles doivent assumer ces bouleversements qui les touchent et sont parfois loin de reconnaître le Christ comme Celui qui vient nous rejoindre dans l’épaisseur de nos vies humaines.

Mais l’horizon des enfants ne se limite pas à leurs familles.

Aujourd’hui plus qu’hier, les enfants évoluent dans un milieu pluri-culturel, pluri-religieux, enrichissant dans sa diversité mais où il n’est pas facile d’être chrétien. L’enfant s’interroge, est interrogé dans sa foi par son entourage. Ces confrontations sont autant de prises de conscience du sens de sa vie.

Beaucoup de loisirs s’offrent aux enfants. Les emplois du temps s’en trouvent de plus en plus compliqués à gérer. Ils "zappent" d’une activité à l’autre et le caté est considéré comme une activité supplémentaire.

La réduction du temps de travail donnera-t-elle aux parents plus de disponibilité pour le dialogue et pour l’éducation religieuse ou faut-il craindre une "RTC" (Réduction du Temps pour la Catéchèse), liée aux sollicitations trop nombreuses et aux emplois du temps parfois différemment surchargés ?

S’agit-il aujourd’hui de cultiver les loisirs, de donner des repères culturels, des valeurs morales ou de transmettre la foi à la suite du Christ ?

Pour accompagner les enfants à devenir chrétiens, les catéchistes - par catéchistes j’entends tous ceux qui jouent un rôle dans la transmission catéchétique : prêtres, laïcs, animateurs de terrain comme responsables - ont un rôle important à jouer auprès des familles et même au-delà, en complément de celles-ci.

La catéchèse est un acte ecclésial où l’ensemble de la communauté chrétienne doit contribuer à sa mise en place, son fonctionnement, son devenir. Ainsi l’enfant catéchisé, pourra, au sein du peuple de Dieu, trouver et prendre sa place en célébrant avec les autres. L’enjeu actuel du catéchisme n’est-il pas d’amener les enfants à une réelle expérience de Jésus dans leur vie ?

Fini le temps où prêtres et religieuses "faisaient" seuls le catéchisme. Aujourd’hui les catéchistes sont des hommes et des femmes qui acceptent de témoigner de leur foi auprès des enfants. Ils sont appelés pour annoncer la Parole de Dieu à la suite des apôtres. C’est bien le Christ qu’il s’agit d’annoncer et de suivre. Même s’il n’est pas obligatoire de tout savoir, d’avoir réponse à tout, ils ne peuvent sur leur simple bonne volonté transmettre la foi et parler "de" Dieu si eux-mêmes ne parlent pas "à" Dieu dans la vie de foi qui les anime.

Les enfants nous questionnent, nous bousculent, nous invitent à donner comme eux, notre vrai visage de chercheur de Dieu, à la suite du Christ, animés par l’Esprit. Quelle richesse d’accompagner les enfants mais aussi les adultes sur un chemin de foi ! Ils nous donnent autant qu’ils reçoivent.

Aujourd’hui la formation des catéchistes est un passage quasi-obligé pour permettre un apport biblique, théologique, spirituel, pastoral et s’enrichir ainsi des expériences de foi de chacun en préparant les rencontres avec les enfants.

Demain

Forts de ces expériences, il nous faut envisager l’avenir. Nous pouvons avoir confiance, mais il nous faut inventer. En effet, des innovations pastorales sont à apporter pour rencontrer l’autre dans sa quête parfois balbutiante de Dieu.

Au niveau du rythme des rencontres, inventons des temps de catéchèse où parents et enfants se retrouvent, pour découvrir le Christ. Ainsi certains parents pourront, à travers leur enfant, re-commencer un chemin de foi, d’autres s’investiront davantage lors de rencontres, non plus d’une heure hebdomadaire, mais pour des temps plus importants mais moins fréquents.

Soyons audacieux pour mettre en œuvre de nouvelles pratiques. Pensons à déscolariser le catéchisme. Soyons attentifs à individualiser les demandes de sacrements pour ouvrir un véritable chemin de foi pour la vie.

Ayons confiance en l’Esprit Saint qui guide et accompagne la vie de tout être, sans oublier d’encourager et de soutenir les familles qui font la démarche aujourd’hui d’inscrire leur enfant au catéchisme.

Pour que la proposition de foi reste actuelle, n’hésitons pas à nous remettre en question, travaillons la Parole pour qu’elle nous travaille.

[...] Puisse l’Esprit-Saint inspirer les réflexions [des évêques de France] afin de promouvoir une transmission vivante et actuelle de la foi de toujours.

La variété des parcours catéchétiques est une richesse qui leur permet d’être en phase avec les enfants dans leurs diverses situations. Attention cependant, car les parcours d’aujourd’hui, si bien adaptés soient-ils, seront vite des parcours d’hier...

Après-demain

Sans doute les nouvelles technologies se développeront-elles dans la pastorale catéchétique pour servir utilement la transmission de la foi. Mais l’homme - et "tout homme est une histoire sacrée" - sera toujours le vivant témoin du Christ.

Je crois à une catéchèse qui rend heureux, et donne sens à la vie. Le catéchiste doit être patient : il sème sans toujours voir les fruits, mais l’Esprit est à l’œuvre.

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Marie-Hélène JACHIET

Déléguée à la catéchèse du diocèse de Créteil.

Publié: 01/05/2022