10 novembre - Léon Ier le Grand (390-461)

Contexte historique. Depuis 314, l’empire est partagé entre Occident (Rome) et Orient (Byzance). Constantin fait de Constantinople, la capitale économique. La période est encore agitée par les grands débats christologiques. St Augustin meurt en 430, les Vandales aux portes d’Hippone.

Né en Toscane ou à Rome entre 390 et 400. Nous ne savons rien de sûr de ses premières années, sinon qu’il reçut une bonne éducation classique hormis la maîtrise du grec. En 418, alors qu’il est déjà acolyte, le pape Zosime le remarque pour son éloquence. Ordonné diacre par le pape Célestin, il est nommé archidiacre de Rome (432). En 440, il est désigné comme médiateur dans le litige qui oppose, en Gaule, le général Ætius au seigneur Albinus. Lorsque meurt Sixte III, la réputation de Léon est si grande qu’il est rappelé d’urgence à Rome où il est élu pape par le peuple romain (29 septembre 440). Il a pour conseiller saint Pierre Chrysologue.

1. Le champion de l’orthodoxie.
a) Face à l’erreur manichéenne du Perse Manès (mort 227), hérésie qui reconnaît deux principes, le Bon qui est Dieu et le Mauvais qui est le démon, en lutte perpétuelle. En 443-444, Léon recourt au bras séculier et les empereurs prononcent des peines sévères contre les sectateurs. Même conduite envers les pélagiens, solennellement stigmatisés au concile d’Ephèse (431). Seize ans après, les priscillianistes sont condamnés.

b) Face à l’hérésie monophysite. Après la condamnation de Nestorius, au concile d’Ephèse (431), un archimandrite de Constantinople, Eutychès, d’apparence austère, tombe dans l’erreur opposée à celle de Nestorius. Le premier proclame qu’il y a deux personnes distinctes, en Jésus-Christ : l’homme et le dieu ; le second soutient qu’il n’y a qu’une seule nature en Jésus-Christ : la divine. Un rescrit impérial convoque un concile à Ephèse, pour le 30 mars 449 mais Eutychès empêche les représentants du pape de prendre la parole (Léon parlera du brigandage d’Éphèse). Mais après la mort accidentelle de Théodose II, la nouvelle impératrice Pulchérie convoque un nouveau concile de Chalcédoine (451). Léon Ier fait triompher son point de vue et, à la lecture de son « Tome à Flavien », l’assemblée se lève, s’écriant : « C’est Pierre qui parle par la bouche de Léon. »

2. Le défenseur de Rome.
a. Comme siège de l’autorité pontificale. Constantinople étant devenue capitale d’empire, la primauté du siège romain est mise en question par un concile qui déclare que les deux villes ont les mêmes droits. Léon estime que Rome doit garder la primauté du fait d’avoir été le siège de Pierre. « Le bienheureux Pierre persiste dans la solidité qu’il reçut. Il n’abandonnera jamais le gouvernement ecclésial. Je continue. » La Rome pontificale succédera la Rome impériale.

b. Contre les invasions. Attila, roi des Huns, « fléau de Dieu », après avoir été chassé du pays franc (victoire des champs Catalauniques par les chefs romain, franc et wisigoth coalisés) envahit le nord de l’Italie et menace Rome en 452. Le Sénat demande à Léon d’intervenir. Lors d’une rencontre près de Mantoue, Léon obtient d’Attila, qui parle le latin, de se retirer. En juin 455, les Vandales de Genséric, venus de la Méditerranée, envahissent Rome. Léon négocie et Genséric déclare avant de se retirer : « Mes soldats ne verseront pas le sang humain, aucun édifice ne sera brûlé ! »

Léon Ier meurt le 10 novembre 461. Sa tombe se trouve dans la basilique Saint-Pierre à Rome. Premier pape dont on ait les prédications (96). Elles portent sur tout le cycle de l’année liturgique. Ses sermons sont courts (un quart d’heure) mais très préparés. Il est le « docteur de l’incarnation ».

3. Textes

L’incarnation. « Aujourd’hui, frères bien-aimés, Notre-Seigneur est né. Réjouissons-nous ! Nulle tristesse n’est de mise, le jour où l’on célèbre : naissance de la vie, abolition de la peur causée par la mort, éternité promise... Le Verbe divin, Dieu lui-même, s’est fait homme pour délivrer l’homme de la mort éternelle. Pour ce faire, il s’est abaissé jusqu’à nous, mais sans rien perdre de sa majesté. Il est devenu ce qu’il n’était pas, tout en demeurant tout ce qu’il était. Il unit donc la forme de l’esclave à la forme dans laquelle il est égal à Dieu le Père. De la sorte, il a lié entre elles deux natures, de telle façon qu’il n’a pas détruit la nature inférieure par sa glorification et n’a pas amoindri la nature supérieure par l’addition de l’autre. » (sermon de Noël)

L’humanité de Jésus. Celui donc, bien-aimés, qui a pris une véritable et entière nature humaine, a pris vraiment les sens de notre corps, les sentiments de notre âme. Ce n’est pas parce que tout en lui était plein de grâces et de miracles, qu’il a dû pour autant pleurer de fausses larmes, simuler la faim en prenant de la nourriture, ou feindre le sommeil en paraissant dormir. C’est dans notre humiliation qu’il a été méprisé, dans notre affliction qu’il a été attristé, dans notre douleur qu’il a été crucifié. Car sa miséricorde a subi les souffrances de notre état mortel afin de les guérir, sa force les a acceptées afin de les vaincre. (sermon 58)

La passion. « La glorieuse passion de Notre-Seigneur, apparaît spécialement admirable par son mystère d’humilité... En effet, la toute-puissance du Fils de Dieu, source de son égalité avec le Père dans l’unité d’essence, aurait pu soustraire le genre humain à l’esclavage du diable par le seul commandement de sa volonté. Mais il était pleinement conforme aux œuvres divines que l’hostilité et la malignité de l’ennemi fussent vaincues par cela même qu’elles avaient vaincu, que la liberté fût restaurée par la nature même qui nous avait tous jetés dans l’esclavage... Dans cette union entre la créature et son créateur, rien ne manqua à la nature divine, rien d’humain ne manque à celle qu’il assumait. »

4. Pensées
• Dieu tout-puissant et clément, dont la nature est bonté, dont la volonté est puissance, dont l’action est miséricorde.
• L’ascension du Christ est notre élévation. Là où a précédé la gloire de la tête, là est appelée l’espérance du corps.
• Comme la nature divine ne pouvait recevoir le trait de la mort, le Christ a pourtant pris en naissant de nous ce qu’il pourrait offrir pour nous.
• Toute parole de l’Ecriture-Sainte nous convie finalement à la joie dans le Seigneur.
• Vous êtes greffés sur le Seigneur.
• Il y a davantage dans l’âme de chaque fidèle que dans tout le firmament.
• Il faut user convenablement des créatures visibles, tout comme on utilise la terre, la mer, l’eau, les sources et les fleuves.
• Il faut garder tête solide, au milieu de toutes les girouettes.
• Il y a des pièges dans l’abondance des riches, il y en a aussi dans la pauvreté. L’opulence rend hautain et vaniteux, le dénuement engendre l’aigreur et l’amertume.
• Ne jugeons pas l’héritage (spécialement chrétien), sur l’indignité des héritiers.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/11/2017