7e dimanche ordinaire : Jésus disait à ses disciples : « Soyez...

1. Jésus disait à ses disciples : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »
Et suivent des recommandations jamais entendues : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, qui vous maudissent, ne rendez pas les coups. Un peu d’histoire peut nous aider à comprendre ces paroles que l’apôtre Matthieu nous rapporte en premier et dont Luc nous donne copie. Le judaïsme a toujours comporté plusieurs courants. Après la destruction du Temple, les synagogues prirent sa place. Deux courants y prirent de l’importance. Celui du pharisaïsme qui tenait à la pure observance stricte de la Loi juive et celui des judéo-chrétiens qui adhéraient aux idées de Jésus sans renoncer aux prescriptions juives concernant les fêtes, les prescriptions alimentaires et la circoncision. Les païens qui vinrent se joindre à eux refusèrent ces prescriptions. Ce fut source de conflits, d’exclusions et ces nouveaux disciples furent considérés comme des ennemis de la foi juive, maudits, calomniés. C’est à eux que s’adressent les paroles que nous venons d’entendre. La béatitude finale entendue dimanche dernier le dit clairement : « Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. » A cause du Fils de l’homme, autrement dit parce que vous êtes mes disciples. Mais la suite fut tragique car la violence fut du côté des chrétiens et les juifs furent persécutés, maudits, chassés de chez eux par les chrétiens, dont Isabelle, la très catholique reine d’Espagne.

2. Les paroles de Jésus sont pour nous aujourd’hui. Elles concernent toutes les relations que nous avons entre nous. Nous avons des lois civiles pour nous aider à vivre ensemble. Elles règlent nos conflits, sanctionnent nos comportements. Mais aucune ne nous dit qu’il faut bénir et faire du bien à ceux qui vous font du mal, qu’il faut refuser de rendre le coup pour le coup, de donner plus que demande celui qui est dans le besoin de bien, d’accompagnement. Jésus, sachant bien tout ce qu’il y a dans le cœur de l’homme, veut nous entraîner dans les sentiments et les comportements du Père des Cieux. Nous avons la vie pour cela. Le chemin déjà parcouru derrière lui nous a montré que nous n’étions pas des meilleurs de ses disciples, que nous avons pris plus d’une fois de fausses routes, des impasses, que nous sommes souvent arrêtés sur le bord du chemin et même revenus en arrière. Il faut le reconnaitre. Saint Augustin a écrit : « S’il t’advient de dire : « “Cela suffit, je suis parvenu à la perfection, tout est perdu. Car c’est la fonction de la perfection de nous faire connaître notre imperfection.” »

3. Jésus fut des nôtres pour nous apprendre les chemins de miséricorde. Ecoutons Saint Bernard nous en parler : « Il nous faut suivre l’exemple du Seigneur qui a voulu pâtir afin de nous apprendre à compatir, et il a voulu s’assujettir à la misère afin de montrer sa miséricorde. » Toute sa vie publique durant, Jésus n’a guère connu que l’échec. Il a vécu au quotidien l’incompréhension, le rejet, la calomnie et finalement la condamnation, la souffrance d’une mort infamante. Sa dernière parole fut sa réponse : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Il n’est pas possible d’aller plus loin.

4. En ce moment ont lieu plusieurs procès. Celui des extrémistes auteurs d’attentats et celui de ceux qui ont voulu et obtenu la mort du Père Hamel. Tous disent et ont crié le faire au nom de Dieu, pour la cause de Dieu. Tous les chapitres du Coran, appelés sourates, commencent par la même en-tête : Au nom du Dieu clément et miséricordieux. Cependant les mots ne sont pas synonymes. Dieu est clément pour tous les êtres. Il est miséricordieux pour les fidèles, ceux qui méritent sa grâce. La clémence est tolérance, la miséricorde est disposition du cœur. Les extrémistes n’acceptent ni l’une ni l’autre, ce qui les conduit à haïr, maudire, rejeter, exclure. Bien difficile d’avoir à leur encontre les sentiments et gestes que Jésus propose pour imiter la miséricorde de son Père. Il faut nous rappeler alors la réponse apportée par ce père de famille qui avait perdu son épouse au Bataclan : « Vous n’aurez pas ma haine. » Par le récit « J’ai pardonné » de cet étudiant rendu aveugle par un attentat à Beyrouth. La sœur du Père Hamel a noué des relations avec la mère d’un des assaillants. « Je me suis demandé dans ma prière : qui peut souffrir plus que moi ? Je suis une maman et j’ai une réponse. Je n’ai eu de cesse de rencontrer cette mère qui est en souffrance. Nous avons appris à gérer notre douleur toutes les deux. Ma prière a été entendue. » Après l’avoir entendue, l’un des trois accusés a demandé à prendre la parole pour dire qu’il était bouleversé. Il a demandé pardon pour sa négligence criminelle, pour ne pas avoir fait tout ce qu’il aurait pu pour empêcher son cousin de commettre l’attentat. (La Croix 18/2/2022). Cette miséricorde semée en fait germer une nouvelle.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 20/02/2022