7e dimanche de Pâques

1. Aujourd’hui, Jean nous fait assister à la prière de Jésus, celle qu’on appelle la prière pour l’unité. Non pas Jésus parlant de la prière, non pas Jésus récitant une prière liturgique. Mais Jésus en train de prier sous leurs yeux pour qu’ils l’entendent. Non pas seulement pour ceux qui étaient avec lui ce soir-là mais aussi « pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi ». Pour nous donc.

2. Lorsque Jean écrit son évangile, ceux qui se disaient disciples du Christ étaient déjà divisés comme en témoigne Paul qui, dans les années 50, écrit aux chrétiens de Corinthe : « Il m’a été signalé à votre sujet par les proches de Chloé qu’il y a des dissensions parmi vous. Je veux dire par là que chacun de vous parle ainsi : “Moi, je suis de Paul ; moi, d’Apollos ; moi, de Céphas ; et moi, de Christ.” » L’histoire chrétienne est remplie de temps de crises, de divisions comme celles qui furent à l’origine des Eglises orthodoxes, protestantes, anglicanes. Chaque jour voit naître plusieurs communautés évangéliques autour de prédicateurs très motivés mais ne disant pas les mêmes choses.

3. S’il s’agit seulement d’une prière pour l’unité des disciples, des chrétiens, la prière de Jésus, le maître de la prière, fut totalement inefficace. Dès les premiers siècles, la compréhension des évangiles divisa les chrétiens. L’évêque Arius affirmait que le Verbe n’était pas Fils de Dieu, pas « consubstantiel au Père » comme on dit aujourd’hui, mais qu’il avait été créé. Les Eglises orthodoxes, protestantes, anglicanes se sont séparées pour des raisons doctrinales, politiques aussi et se firent des guerres sanglantes. Les hommes construisent plus de murs que de ponts et ceux-ci, construits par les uns, ont été détruits par d’autres. Il apparaît que l’entente entre les hommes, qu’ils soient chrétiens ou non, ne viendra pas de ce monde et ne tombera pas du ciel. Alors à quoi bon prier pour l’unité ?

4. C’est que la prière de Jésus a une dimension bien plus élevée. « Que tous soient uns, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous. » Il ne s’agit plus de l’unité entre les disciples mais de celle qui les tient unis à lui et par lui à son Père auquel il se dit tellement uni. Il s’agit bien plus de l’union du cœur, de la pensée avec lui que de la cessation de conflits. On comprend mieux le dessein de Jésus en se rappelant que cet entretien a eu lieu quelques heures de son départ pour le jardin des Oliviers. Là, il s’est lui-même mis en prière en demandant à ses disciples de prier avec lui, comme lui. Mais ils ont dormi et, peu après, ils l’abandonneront, Pierre le reniera. Jésus avait prié devant eux pour qu’ils lui restent attachés et ils sont restés à terre comme des sarments coupés du cep.

5. Dès lors notre prière, à la lumière de la sienne, doit prendre une autre direction. Notre Père qui est aux cieux nous fait regarder plus haut que nos horizons. Et nous pouvons le faire en le regardant lui. Ecoutons Thérèse du Carmel Avila : « Pour prier comme il faut, vous devez trouver une compagnie. Mais quelle meilleure compagnie que celle du Maître lui-même qui vous a enseigné la prière que vous allez réciter ? Imaginez que le Seigneur est tout près de vous. Si vous vous habituez à le garder près de vous, vous ne pourrez plus, comme on dit, vous en débarrasser. Il ne vous manquera jamais, il vous aidera dans toutes vos difficultés, il sera partout avec vous. Je ne vous demande pas de penser à lui, ni de forger quantité de concepts ou de tirer de votre esprit. Je ne vous demande que de fixer sur lui votre regard. » Le mahatma Gandhi n’a pas dit autre chose de la prière : « Il vaut mieux mettre son cœur dans la prière sans trouver de paroles que de trouver des paroles sans y mettre son cœur. » C’est ce que fit Thérèse de Lisieux : « Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. » En faisant comme elle, notre vie deviendra prière.

Seigneur tu as a prié devant tes disciples ! Pour qu’ils s’unissent à toi. Alors donne-moi de me glisser dans ta prière, de la faire avec toi, rien qu’en pensant à toi. Aujourd’hui, Seigneur, je t’en prie.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 29/05/2022