3e dimanche ordinaire

1. Jésus revient dans son village, Nazareth. Depuis qu’il l’avait quitté, sa renommée s’était répandue, tout particulièrement au nord du lac de Galilée, à Capharnaüm en particulier. On parlait de son talent de guérisseur, de prophète même. A Nazareth qui se trouve tout de même à plus de 50 km au sud, on en avait entendu parler. On l’y connaissait bien. Depuis trente ans qu’il y vivait, vous imaginez bien. Alors ses camarades de classe, ses ouvriers, ses maîtres en synagogue ne devaient-ils pas avoir la primeur de ses guérisons, de son enseignement ? Ses parents n’étaient-ils pas encore parmi eux ? Alors on l’attendait et, dit le récit, « tous avaient les yeux fixés sur lui ».

2. Ce jour de sabbat donc, Jésus se rend à la synagogue qu’il connaissait bien pour l’avoir fréquentée dès l’âge de 12 ans. Selon la coutume, le chef de la synagogue demandait à un participant de lire et commenter un texte des Ecritures. Ce jour-là, il proposa à Jésus un passage du grand prophète Isaïe. « L’Esprit du Seigneur est sur moi… le Seigneur m’a consacré… pour porter la Bonne Nouvelle. » Ces lignes ont été écrites au retour des habitants de Jérusalem que Nabuchodonosor avait exilés en Mésopotamie, 600 ans plus tôt, après avoir détruit le Temple et laissé le pays aux mains des étrangers. 70 ans plus tard, Cyrus leur accorde de revenir à Jérusalem. Ce fut une très bonne nouvelle. A la synagogue de Nazareth, ce jour de sabbat, on allait à nouveau se réjouir de cette glorieuse page de l’histoire passée. Mais Jésus y ajoute ceci : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre. » Comme s’il parlait d’autre chose que du passé, d’une nouvelle Bonne Nouvelle. Mais quelle était-t-elle ? D’où venait-elle ?

3. Luc nous dit, dès le début de son évangile que nous venons d’entendre, qu’il a fait des recherches, interrogé ses contemporains avec précision et plus particulièrement les témoins oculaires des événements pour en faire un récit « ordonné, très honorable » à l’intention de Théophile, un nouveau chrétien en quête de plus d’informations, peut-être. Et ce que Luc écrit, dès la première page de son récit, tient en quelques mots : celui sur lequel réside l’Esprit du Seigneur, celui qu’il a choisi, celui qui commente ce jour-là le prophète Isaïe et qui se dit nouvelle Bonne Nouvelle de l’aujourd’hui est Jésus. Il ne s’agit plus de l’histoire passée mais de l’aujourd’hui de Jésus et que telle est la nouvelle Bonne Nouvelle.

4. 70 ans après son départ, Luc écrit que « l’aujourd’hui » de Jésus n’est pas devenu « hier ». Que ses dernières paroles aux disciples, « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps », étaient à prendre à la lettre. Non pas comme une image que l’on a gardée pour le souvenir. Pas davantage « à côté de vous » comme un compagnon de route. Jésus va bien plus loin. Les disciples ont bien saisi que « le Vivant » les habitait. L’apôtre Paul, qui ne fut pas l’un des témoins oculaires, l’écrit sans crainte de se voir traité d’esprit dérangé : « Le Christ vit en moi. » Ce qu’il vit, en communion avec le Christ, Paul invite, nous invite à le vivre à notre tour. « Aujourd’hui, je veux demeurer chez toi » a dit Jésus à Zachée qui voulait se tenir à distance. Jean l’évangéliste n’en finit pas de dire l’insistance de Jésus : « Demeurez en moi, comme moi, je demeure en vous. » Ce que nous vivons, nos bons moments comme les difficiles, Jésus les a vécus pour nous amener à les vivre comme lui les vivait. Son « Aujourd’hui », Jésus le veut dans notre quotidien. Pas seulement le dimanche ou lorsque les moments difficiles, les deuils, la maladie nous font regarder en haut. En entrant dans la maison de Zachée, Jésus est entré dans sa vie et Zachée est entré dans celle de Jésus.

5. L’aujourd’hui de Jésus dans l’histoire laisse un goût amer. Depuis des siècles les chrétiens se sont désunis. Depuis longtemps des baptisés ne regardent plus le Christ autrement que comme une histoire passée, oubliée. Aujourd’hui, les événements qui bouleversent l’Eglise en ont amené d’autres à s’en éloigner. Mais plutôt que de s’en désoler, prenons le temps de chercher comment nous pouvons mettre l’aujourd’hui du Christ dans notre quotidien. Commençons par lui demander de nous donner l’envie d’aller à sa rencontre. Aujourd’hui !

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 23/01/2022