19e dimanche ordinaire

1. « Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. » L’aumône, déjà très prisée dans le judaïsme, est un thème cher à Luc qui pourtant n’est pas juif. Mais il y revient à une dizaine de reprises dans son évangile et les Actes des Apôtres. On sait qu’il accompagna Paul au cours de ses voyages missionnaires et, comme lui, dut vivre du travail de ses mains. Derrière ses paroles, on sent l’enthousiasme du nouveau converti. On ne sait comment il passa de la culture grecque à celle des disciples de Jésus dont il se fit l’historien et le chantre dans les Actes des Apôtres. Mais il perçut en elle le trésor que nul ne peut voler, que nul ne peut détruire, qui n’est pas fait de bien périssable mais de celui qu’il appelle le Royaume, c’est-à-dire la communion avec le Christ Jésus. Pour acquérir ce bien, il met dans la bouche de Jésus deux conditions.

2. La première, la vigilance, qui fait qu’il ne faut jamais perdre de vue, qu’arrivera le temps d’un retour du maître. De ce maître qu’il n’a pas connu mais dont Paul, un converti lui aussi, affirme qu’il reviendra. Aucune religion ne disait pareille espérance et elle fut le motif de la conversion de nombre de ceux auxquels leur religion ne proposait rien de semblable. L’extension fulgurante du christianisme tient là son explication.

3. Mais cette attente ne peut être béate, comme celle du mendiant assis au bord du chemin dans l’attente de l’aumône. Rester éveillé, tenir sa lampe allumée, c’est rester en tenue de service, justement l’attitude de celui qui fait de nous des acteurs de générosité dans le temps de cette attente. Ne jamais se dire que l’on peut se mettre en retraite du service, de l’aide. Il se pourrait bien que, le jour où nous deviendrons dépendants des services d’autrui, dans un hôpital, une maison de retraite ou un EHPAD, nous regrettions de ne pas avoir fait ce que nous pouvions faire. Dimanche dernier, Jésus nous appelait à faire de l’argent des amis qui nous accueilleront dans les demeures éternelles. Il ne s’agit donc pas de vendre matériellement ses biens, ni de les accumuler pour soi, mais de les mettre en service. Pris dans le tourbillon de nos activités, nous pouvons l’oublier, et ne pas l’oublier se nomme vigilance.

4. Sans jamais pouvoir se dire qu’on a tout fait de ce qu’on pouvait faire. Je veux rappeler un trait de la vie de saint Vincent de Paul. La reine Anne d’Autriche (épouse de Louis XIII, reine pendant la minorité de Louis XIV) connaissait bien Vincent de Paul et l’admirait. Un jour elle lui pose la question : « Sentez-vous, au seuil de la mort, ce grand trou vide derrière vous ? » Vincent de Paul de répondre : « Oui, Madame, je n’ai rien fait. » La reine de reprendre « Que faut-il faire, alors, dans une vie, pour faire quelque chose ? » La réponse de Vincent de Paul : « Davantage. »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 07/08/2022