Fête du Christ-Roi

1. Le récit de ce jour, appelé discours eschatologique, met en scène le Fils de l’homme - Roi pour un jugement de tous les habitants de la terre à la fin des temps. Un jugement sans appel. D’avoir donné ou non à qui avait faim, soif, d’avoir vêtu ou non celui qui était nu, d’avoir rendu visite au malade, au prisonnier conduiraient à la vie éternelle pour les uns, à un feu qui ne consume pas pour les autres. Les contrastes sont si dramatiques qu’ils interrogent. Qu’en est-il de la miséricorde divine qui dépasse tout mérite, accordée à tout homme de bonne volonté, que Jésus n’a cessé de rappeler à de nombreuses reprises ?

2. Ce récit est une parabole et comme pour toute parabole, son sens est à chercher ailleurs que dans la matérialité des événements qu’elle décrit. La clé d’interprétation du message pourrait bien être cachée dans ces quelques mots : « C’est à moi que vous l’avez fait… C’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » Ainsi donc nos comportements de relations des uns avec les autres ont une portée qui les dépasse. Ces actes si temporels, si temporaires ont une valeur d’éternité aux yeux de Jésus. Pour tous, quels que soient leur credo, leur religion. Jésus a donné en exemple ce Samaritain, un-hors-la loi, qui n’est pas passé à distance de ce blessé. Paul ne savait pas qu’il poursuivait un tout autre que les chrétiens. Il l’apprit sur la route de Damas : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » La deuxième partie de la parabole n’a pas pour objectif de faire peur. Elle dit la même chose en utilisant le mode du parallélisme antithétique très utilisé dans les écrits bibliques. Le livre des Proverbes en abonde à l’image de ce verset : « Le souvenir du juste est en bénédiction tandis que le nom des méchants pourrira. » (Pr 10,7)

3. On peut rapprocher ce cinquième discours de Jésus en Matthieu de son premier, le sermon sur la montagne. « Heureux les pauvres de cœur, heureux ceux qui pleurent, ceux contre lesquels on dit faussement toute sorte de mal. » L’évangéliste Luc leur a ajouté les antithèses : « Malheureux, vous les riches, les repus, vous qui riez maintenant, lorsque tous les hommes disent du bien de vous. » Jésus concluait ainsi pour les premiers : « Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. » De manière très proche de celle de la parabole du jugement dernier : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous. » Dans la parabole du jugement dernier, Jésus ne fait que mettre des noms sur les comportements pratiques d’entraide qu’il propose dans celui des béatitudes. Il ne nous demande pas des actes extraordinaires de piété, de générosité dont il sait bien que nous sommes incapables, mais seulement d’être des hommes, des femmes de bonne volonté, là où nous sommes, comme nous sommes. Certes ce que nous apportons ne sont à nos yeux que des oboles devant l’immensité des attentes. Certes ce que nous apportons ne sont à nos yeux que des oboles devant l’immensité des attentes. Mais, comme pour cette veuve du Temple qui a donné plus qu’une obole, comme pour ces ouvriers de la dernière, il nous sera donné plus que ce que nous aurons donné.

4. Saint Camille de Lellis, le fondateur de l’ordre des hospitaliers, nommés camilliens, disait à ceux qui l’avaient suivi pour soigner les malades abandonnés dans les hôpitaux de Rome et qui se disaient découragés par la rudesse de la tâche : « Rappelez-vous que les malades sont la pupille et le cœur de Dieu et que ce qui est fait à ces pauvres est fait à Dieu. » On a rapporté qu’il répondit à un cardinal qui lui demandait de venir le voir alors qu’il était occupé à l’hôpital : « Je suis avec Jésus-Christ, je verrai son excellence quand j’aurai fini. » Philippe Néri disait aux jeunes gens qu’il rencontrait dans les rues de Rome : « Ne laissez passer aucun jour sans faire quelque bien. »
En ce dernier dimanche de l’année, Jésus nous a parlé de sa venue dans notre aujourd’hui.