5e dim. ordinaire

1. « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde. » Les Apôtres durent être sidérés et ont dû ouvrir bien grand leurs oreilles. Comment, nous, des gagne-petit, sans culture, sans aucun pouvoir, pauvres d’argent et de considération, sans relations politiques, serions-nous porteurs de saveur et de lumière pour la terre, pour le monde ? Quelle lumière pourrions-nous porter, nous qui cheminons si tortueusement dans les obscurités de notre quotidien ? Quelle saveur pourrions-nous trouver à notre vie et à celle de nos compatriotes tant elles sont monotones ?

2. La lumière qui nous vient d’en haut, le sel qui nous vient de la terre. Le soleil qui illumine, le sel qui donne de la saveur. Jésus y a vu un message pour ses disciples, pour leur manière d’être, de se présenter en lieu et place de lui. L’évangéliste Jean nous rapporte qu’il leur avait dit : « Tant que je suis avec vous, je suis la lumière du monde. » Maintenant il demande à ses disciples d’être Lui, d’être ses imitateurs.

• Des semaines durant, n’avaient-ils pas suivi cet homme qui avançait si droit devant eux, eux qui savaient combien de mensonges, de compromis avaient déjà jalonné leurs routes.
• Cet homme au regard si lumineux, chargé de bonté, face à leurs visages burinés par la peine, vidés de joie par tant d’épreuves malheureuses, douloureuses.
• Cet homme aux gestes si accueillants pour ceux qui comme eux n’avaient rien d’attrayant.
• Cet homme qui se mit même à leurs genoux en habit de serviteur pour les implorer de faire de même.

3. Jésus a bien compris que son message ne serait pas audible s’il n’était pas d’abord vécu par ceux qui le portaient. Il en avait fait reproche en son temps à ceux qui « lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt ». En commençant par ceux qui le suivaient : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? » Il connut la trahison de l’un des siens, le reniement de l’autre, la fuite de tous au moment de l’ultime rejet. Ce que l’Eglise vit en ces derniers temps montre dans quels abîmes de turpitudes l’on peut descendre en son nom. Jésus savait pourtant qu’il y a loin de la parole aux actes et que le suivre en toute vérité et fidélité n’allait pas de soi. Lui-même a pris la défense de cette femme accusée d’adultère, de cette autre de mauvaise renommée en pleurs qu’il accueille alors qu’on voulait lui fermer la porte. Reconnaître que nous sommes « pauvres de cœur » est un premier pas dont Jésus loue ceux qui le reconnaissent. Nous devons tenir les deux bouts de la chaîne : l’idéal évangélique que Jésus nous propose et notre difficulté à nous mettre en conformité. Paul, l’apôtre le plus engagé que nous connaissons, en eut bien conscience : « Je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais. » Il écrit aux chrétiens de Corinthe : « Pour m’éviter tout orgueil, il a été mis une écharde dans ma chair… Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : “Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.” Aussi mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. »

4. Dès les premiers temps de l’Eglise, des écrits, dans le style du merveilleux, coururent parmi les chrétiens pour glorifier le Christ, Marie, les Apôtres. Ces récits appelés « apocryphes » n’ont pas été reconnus comme « Evangile ». Mais ils ne sont pas pourtant dénué de sens. Dans « Choses concernant l’Enfant Jésus », on lit : « Alors qu’il était enfant, âgé de cinq ans, Jésus était en train de jouer près du gué d’un ruisseau. Il tira de la vase de l’argile molle et en façonna douze oiseaux. C’était alors le jour du sabbat. Un Juif le vit et il alla vers Joseph, son père et accusa Jésus en disant : “Il a fait de la boue et il en façonné des oiseaux le jour du sabbat où il n’est pas permis de le faire.” Joseph étant arrivé, le réprimanda : “Pourquoi as-tu fait un jour de sabbat ce qu’il n’est pas permis de faire ?” Mais, Jésus l’ayant entendu, frappa des mains et fit s’envoler les passereaux en disant : “Allez, volez et souvenez-vous de moi, vous qui êtes vivants.” » A méditer.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 05/02/2023