4e dim. ordinaire : « Jésus gravit la montagne et ses disciples...

1. « Jésus gravit la montagne et ses disciples s’approchèrent de lui. » On imagine la scène sur cette petite colline avec, à ses pieds, les rives du lac de Galilée et ses disciples, un peu en contrebas. Ils peuvent voir au loin, de l’autre côté du lac, Tibériade, la ville du tyrannique Hérode qui venait de faire décapiter Jean le Baptiste et, à deux pas de là, les falaises d’Arbèle et ses grottes qui servaient de refuge aux zélotes, ces rebelles qui combattaient avec violence le pouvoir de Rome et d’Hérode. Eux, ces petites gens, pêcheurs du lac, paysans de la plaine, étaient souvent à la peine, envieux peut-être aussi de ceux qui ne l’étaient pas.

2. « Bienheureux êtes-vous. » Neuf paroles comme autant de flashs venus de l’autre côté du présent, de l’autre côté ce monde, de cet espace où nos yeux ne voient rien, nos oreilles n’entendent rien. Neuf paroles de béatitude, égrenées l’une après l’autre.
Les premières dites doucement comme sur le ton de la confidence. Parce que c’est d’abord au plus profond d’un chacun que Jésus s’adresse. Heureux, vous les pauvres de cœur, vous les doux, vous les humbles, les miséricordieux, vous qui avez choisi de me faire confiance dans la simplicité de cœur des enfants du Père qui est aux Cieux, parce qu’il est celui du règne de l’amour et que l’amour c’est une affaire de cœur.
Et puis, la voix s’élève un peu, allant s’amplifiant encore, pour encourager les disciples engagés contre la violence, la recherche de pouvoir, l’intolérance qui ne font que des victimes.
Jusqu’à ce qu’éclate ce « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse », pour les emporter là toutes ces paroles trouveront leur plein épanouissement.
Neuf paroles de béatitude qu’il nous faut écouter à la manière de ce Boléro de Ravel, répétant toujours la même mélodie mais allant crescendo en entraînant progressivement tous les instruments de l’orchestre pour finir dans l’explosion finale qui saisit l’âme et tout le corps.

3. Sur cette colline, ce jour-là, Jésus voulut partager l’esprit et les sentiments qui l’animaient au vu de ce qu’il constatait. Il a vu combien l’ambition, la jalousie, l’esprit de vengeance, l’intolérance, la recherche du pouvoir, de l’argent, pouvaient fermer les portes à la miséricorde, à l’esprit de paix, à l’entraide. Il en a vu d’autres en être les victimes. A la place de l’amour du pouvoir il proposait le pouvoir de l’amour. Imaginons-nous assis parmi eux, parce que Jésus s’adresse aujourd’hui à nous. Dans l’une des homélies de Jean d’Antioche appelé Chrysostome (Bouche d’or), évêque de Constantinople à la fin du 4e siècle, on lit : « Nous sommes plus près de nous que le prochain. Comment persuaderons-nous les autres, si nous ne nous persuadons pas nous-mêmes ? » Charles de Foucauld, parti au pays des Touaregs en vue de leur apporter l’évangile, s’aperçut bien vite qu’il fallait, comme il se le dit « crier l’Évangile sur les toits, non par ta parole, mais par ta vie… Je ne suis pas là pour convertir mais pour devenir le petit frère de tous. Mon apostolat doit être l’apostolat de la bonté. En me voyant, on doit se dire : « Puisque cet homme est si bon, sa religion doit être bonne. Si l’on me demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire : Parce que je suis le serviteur d’un bien meilleur que moi. »


Méditation

Seigneur, sur la colline tu les as rassemblés,
Tous ces petits qui d’en bas venaient,
Le cœur alourdi par tant et pesants soucis
Et la tête pleine de rêves inassouvis.

De la pauvreté, ils avaient peur,
Mais toi, tu leur inventes celle du cœur.
A celui qui se revêt de l’habit de serviteur
A la dernière place, tu fais honneur.

Au lieu de l’intransigeante dureté
Qui rend impossible toute fraternité
Tu donnes la miséricorde à pratiquer
Qu’au dernier jour, il faudra bien implorer.

De la paix, dis-tu, soyez les porte-bannières
Si vous voulez être des fils de lumière,
Au lieu de ne penser qu’à la guerre
Qui ne laisse que victimes et colères.

Et si, à cause moi, on vous maltraite,
Réjouissez-vous, ayez le cœur en fête :
Vous êtes sur le chemin de la joie parfaite.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 29/01/2023