Lire la Bible avec les jeunes

L’Église espère beaucoup des jeunes ; les accompagner est un grand défi (cf. Evangelii nuntiandi 11). Dans nos sociétés, les jeunes sont confrontés à des grands changements et subissent la pression de l’idéologie de la réussite et du consumérisme. Au milieu de ce monde, souvent hostile, ils sont en quête de sens, toujours disposés à s’engager solidairement pour les grandes causes de l’humanité et certains d’entre eux cherchent une réponse à leurs interrogations dans l’expérience religieuse reçue ou découverte par eux-mêmes. La paroisse est appelée à devenir un lieu favorable où les jeunes pourraient trouver réponses et soutien pour leur projet de vie.

Ils sont certes les destinataires privilégiés de la Parole de Dieu, toujours nouvelle et inspirante. Mais, faire résonner la Parole dans les cœurs des jeunes nécessite un effort pastoral considérable, notamment en adaptant le langage et les méthodes de lecture de la Bible. Manifester le lien de la Parole avec leur vie est indispensable : la Parole les rejoindra alors au point où ils en sont dans leur cheminement.

L’importance du « groupe » pour les jeunes

Au niveau de la méthodologie, on tiendra compte, d’abord, de l’importance pour les jeunes des groupes d’amis. Il s’agit donc de créer les conditions d’une vraie communauté d’amis dans laquelle on peut partager l’aventure de la vie à la lumière des grands idéaux de l’Evangile. Le Directoire général pour la catéchèse rappelle que « le groupe joue un rôle important dans le processus de développement des personnes. […] chez les jeunes, il est une nécessité vitale pour la formation de leur personnalité ; chez les adultes, il favorise le dialogue, le sens du partage et de la coresponsabilité chrétienne. » (DGC 159)

Une méthodologie participative

Les jeunes cherchent à être des sujets actifs dans leur quête et refusent d’être manipulés. Ils ne viennent pas pour se faire endoctriner, mais pour partager leur vie et s’engager avec d’autres dans un projet de vie : « Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance. » (). Une communauté de partage autour de la Parole leur permettra de devenir des interlocuteurs du Christ lui-même. On veillera à ce qu’ils puissent s’approcher de lui, spécialement à travers les évangiles, avec leurs questions, leurs doutes, leurs révoltes. Pour ce faire, toute proposition adressée aux jeunes doit prévoir une méthodologie participative et ascendante, c’est-à-dire, aller à la rencontre de Jésus en partant de la réalité et des inquiétudes des jeunes.

L’attention aux évènements qui touchent existentiellement les jeunes

Lors de la programmation du parcours avec les jeunes, il faudrait laisser la place à une certaine improvisation permettant une prise en compte des nouveaux faits qui surgissent dans la société et qui touchent les jeunes. Ainsi, au parcours biblique préétabli, pourraient s’ajouter quelques rencontres plus occasionnelles ou informelles résultant de modifications prenant en compte les nouvelles réalités, sans tomber dans l’utilisation moralisante de la Bible.

La formation à la liberté évangélique et prophétique des chrétiens devant les événements complexes de la vie humaine, peut avantageusement être enclenchée à partir de la rencontre séduisante de Jésus de Nazareth proposée dans les évangiles ou encore dans la figure des prophètes.

La culture des jeunes

La culture des jeunes d’aujourd’hui est véhiculée, entre autres, par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, le cinéma, la musique, les magazines. Ces moyens de communication véhiculent un « langage » auquel nous ne sommes pas toujours habitués et qu’il faut comprendre pour bien communiquer avec les jeunes. Dans un vrai processus d’inculturation de l’évangile, il faut, avec patience et créativité, savoir s’adapter ou s’incarner dans cette culture des jeunes (DGC 208).

L’utilisation de ces nouvelles technologies reste un grand défi pour les agents pastoraux. Dans ce contexte, la paroisse pourrait proposer une communauté Facebook de lecture biblique, mais il faut être conscient des exigences que cela implique (temps, qualité, actualisation, sécurité, etc.).

La demande d’un sacrement : une opportunité

La demande d’un sacrement, spécialement de la confirmation, peut être un moment privilégié pour amener les jeunes à la rencontre avec Jésus-Christ à travers la lecture de la Parole. Il faudrait prévoir que lors des parcours menant à la réception d’un sacrement, la Bible en dialogue avec la vie en soit la source principale. Les textes choisis doivent être en rapport avec la vie des jeunes (lecture à partir de la vie) avec une méthodologie dynamique et interactive qui utilise divers outils facilitant le partage entre jeunes (photolangage, films, etc.).

De même, on pourrait organiser ce parcours en suivant un cycle de paraboles ou de miracles, qui par leur symbolique, peuvent facilement être mises en rapport avec la réalité.

Bibliographie pour aller plus loin :

AZUMI R., La Bible Manga. Le coffret collection, BLF Europe Éditions, Paris, 2013.

CONFERENCE EPISCOPALE DE FRANCE. SECRETARIAT NATIONAL DE L’AUMONERIE DE L’ENSEIGNEMENT PUBLIC (SNAEP), Au vent des Écritures. Lire l’Évangile avec des jeunes, Cahier n° 24, Paris, 1987.

Exemple pratique : L’amour ne passe jamais - Aimer c’est vouloir le bien de l’autre

Lecture de la première lettre aux Corinthiens :

Cette rencontre s’adresse à un groupe de jeunes qui sont déjà engagés dans un parcours.

1. Accueil (5’)

Mot de bienvenue, échange des nouvelles entre les participants, présentation du déroulement, peut-être un chant.

2. Première approche du sujet (10’)

Matériel : flipchart et feutres.
Brainstorming : À quoi le mot « amour » vous fait-il penser ?

  • Échange sur les différentes idées notées sur le flipchart. Tout est-il là ? Que manque-t-il ?
  • Pour approfondir l’échange : Quelles idées d’amour se trouvent à la télé, à la radio, dans les revues, sur le Net ? Sommes-nous d’accord ?

3. Lecture de la première lettre aux Corinthiens 13, 1-8 (20’)

  • Les participants relisent le texte en silence, munis d’un crayon pour souligner ou noter ce qui les frappe.
  • Les participants échangent à partir de la phrase qu’ils aiment spécialement.
  • Les participants échangent à partir de la caractéristique de l’amour qui leur semble la plus difficile/facile à vivre.

4. Pour relier la Parole à la vie : actualisation (20’)

Questions possibles :

  • Comment cette Parole interpelle-t-elle notre/ma vie personnelle ?
  • Comment pouvons-nous faire passer l’idée chrétienne de l’amour dans nos relations personnelles ? Dans notre famille ? Autour de nous ?

Lire l’Exhortation Amoris laetitia du pape François :
« Aimer c’est aussi être aimable […] L’amour n’œuvre pas avec rudesse, il n’agit pas de manière discourtoise, il n’est pas dur dans les relations. Ses manières, ses mots, ses gestes sont agréables et non pas rugueux ni rigides. Il déteste faire souffrir les autres. La courtoisie est une école de délicatesse et de gratuité qui exige qu’on cultive son esprit et ses sens, qu’on apprenne à sentir, qu’on parle, qu’on se taise à certains moments. Etre aimable n’est pas un style que le chrétien peut choisir ou rejeter : cela fait partie des exigences indispensables de l’amour ; par conséquent l’homme est tenu à rendre agréables ses relations avec les autres. Chaque jour entrer dans la vie de l’autre, même quand il fait partie de notre vie, demande la délicatesse d’une attitude qui n’est pas envahissante, qui renouvelle la confiance et le respect. L’amour, plus il est intime et profond, exige encore davantage le respect de la liberté, et la capacité d’attendre que l’autre ouvre la porte de son cœur. » (AL 99)

  • Comment cette parole du pape François rejoint-elle notre partage ?
  • Quelle pratique nous inspire-t-elle ?

4. Prière (5’)

Prévoir une corbeille avec des phrases sur le sujet abordé. Elles peuvent venir de la Bible ou d’un autre texte inspirant.

  • Prendre un chant sur le thème.
  • Ensuite, les participants choisissent au hasard une des phrases déposées dans la corbeille et la lisent à haute voix.
  • Ceux qui le désirent peuvent faire une prière spontanée.
  • On termine en priant le Notre Père en se tenant par la main.
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Luis MARTINEZ

Référent de pastorale biblique, diocèse de Luxembourg

Publié: 01/03/2021