La liturgie en quête d’un nouveau souffle

Le titre le suggère : souffle il y a eu dans la liturgie sous la poussée de Vatican II, mais ce souffle semble s’épuiser… En tout cas, telle est l’hypothèse qui préside à la réflexion qui suit. Celle-ci s’effectuera en trois moments. D’abord, nous vérifierons rapidement la pertinence de l’hypothèse susdite : la liturgie aurait-elle perdu son souffle ? Quel souffle ? Nous chercherons ensuite le remède du côté d’un retour à la source : les textes du Concile sur la liturgie, qu’il convient de « revisiter ». Nous rappellerons enfin que, pour être efficace, ce remède proprement théologique a besoin d’être accompagné d’autre chose : un regard positif sur le contexte culturel et social au sein duquel il est proposé.

Un souffle perdu ?

Les textes de Vatican II sur la liturgie et sur sa réforme sont, comme le reste, le fruit d’une subtile recherche d’équilibre entre des courants théologiques et des sensibilités liturgiques divers. On y trouve des éléments plus « conservateurs », notamment dans le souci de marquer une continuité avec les conciles de Trente et de Vatican I. Tous les textes de concile sont le fruit d’un compromis, un compromis qui n’est pas simplement d’ordre « tactique », mais bien aussi d’ordre théologique et même spirituel : la communion dans l’Église demande l’écoute et le respect du point de vue de l’autre ; elle demande également que la nouveauté s’inscrive dans le sillage de la « Tradition », une Tradition qui manifeste sa fécondité dans sa capacité à s’ouvrir à du neuf. Cela ne signifie pas que tous les points de vue auraient le même poids.

À cet égard, ce serait commettre une grave faute d’interprétation que de vouloir (comme on le voit parfois aujourd’hui) mettre les éléments plus « conservateurs » du Concile sur le même pied que les éléments plus « novateurs ». Et cela, non seulement pour la raison que les textes d’ouverture y ont un poids objectivement plus grand que les autres, mais aussi et surtout parce qu’il appartient à l’herméneutique que l’on peut faire du dernier concile de tenir le plus grand compte de l’« événement » qu’il fut pour ceux qui en furent les acteurs, pour l’ensemble de l’Église, ainsi que pour l’ensemble de la société. Si les médias de l’époque lui ont accordé une telle place, c’est dans la mesure où ils en ont bien perçu ce qui fut voulu par les Pères conciliaires eux-mêmes dans leur immense majorité : quelque chose de neuf était en train d’advenir !

Du neuf nourri de l’« ancien », certes ; mais bien du neuf… Cela était particulièrement attendu du côté de la liturgie : depuis plusieurs décennies en effet, le Mouvement liturgique et, peu avant le Concile, le congrès d’Assise (1958) avaient déjà ouvert la voie vers des réformes telles que la concélébration et l’emploi de la langue vernaculaire. C’est parce que, ainsi que l’a écrit l’un des pionniers de la réforme liturgique, le P. Gy, ces questions étaient « déjà mûres dix ans avant qu’on leur donne leur solution », qu’elles ont pu être aussi rapidement réglées, et que la Constitution sur la liturgie a pu être votée en premier. D’aucuns ont pu regretter cette hâte, dans la mesure où cette Constitution n’a pu bénéficier des grandes réflexions plus tardives sur l’Église ou sur la révélation divine. Mais cela est d’autant plus significatif par rapport aux attentes de renouveau de la part du peuple chrétien. Comme l’écrit encore le même P. Gy : « La Constitution [sur la liturgie] n’a pas fixé un équilibre, elle a créé un mouvement [1]. »

« Souffle » il y a donc eu à Vatican II… Ce souffle, les Pères conciliaires l’ont voulu comme une brise rafraîchissante. Pourtant, la mise en place pastorale de la réforme liturgique prit parfois, notamment en France, l’allure d’une tempête. L’immense majorité aussi bien des laïcs actifs dans l’Église (notamment du côté de l’Action catholique) que des prêtres ne se contentaient pas de l’ouverture par le Concile de fenêtres sur le monde : ils avaient soif d’ouvrir aussi les portes… jusqu’à donner parfois l’impression de renverser les murs de l’antique « forteresse » Église. En liturgie, cela se manifesta à travers des prières eucharistiques improvisées, des chants quasi profanes, des prêtres présidant la liturgie en vêtements civils, etc. En ce domaine, la « créativité », ce « concept de fortune [2] », s’en est donnée à cœur joie, jusqu’à être éprouvée par bien des fidèles comme une sorte de violence qui leur était faite. Cette violence était sans doute largement l’effet d’une réaction proportionnelle au degré de hiératisme de la liturgie antérieure, où tout était figé depuis des siècles et où l’introduction de la moindre nouveauté (par exemple l’introduction de la mention de « saint Joseph » dans le canon romain, en 1962) demandait la légitimation des plus hautes instances ecclésiales.

Exergue : Dès que l’on pense et vit la foi chrétienne sur le registre du « saint », la liturgie est requise de se laisser transformer

Quand la liturgie n’est plus en prise sur la culture ambiante, elle ne peut fonctionner que sur le registre de la séparation – ce registre qui définit précisément le « sacré » en tant que domaine du « mis à part » envers lequel toute familiarité est perçue comme une effraction sacrilège. La relation avec Dieu requiert alors des « intermédiaires » qui, comme le grand-prêtre de l’Ancien Testament consacré par arrachement à sa condition trop mondaine [3], doivent être séparés du « profane [4] ». En revanche, dès que l’on pense et vit la foi chrétienne sur le registre du « saint », selon lequel tout demande, au contraire, à être laissé à son caractère profane pour pouvoir être sanctifié, la liturgie est requise de se laisser transformer. C’est précisément ce qui s’est passé avec Vatican II, comme l’a montré (parmi d’autres) un article célèbre du P. Congar intitulé « Situation du “sacré” en régime chrétien [5] ».

Des mouvements de va-et-vient

Les « excès » ou les « abus » des années 1970-1980, dont nous venons de faire mention, ne suffisent cependant pas à expliquer le mouvement actuel de repli. Certes, pas partout, loin s’en faut. Mais quand même, il est difficile de ne pas ressentir une sensible tendance générale en ce sens. Cela peut surprendre, dans la mesure où la phase d’apaisement par rapport auxdits « excès » était bien amorcée. Quel prêtre souhaitait encore présider l’eucharistie en tenue civile ? Ou créer sa propre prière eucharistique ? Inversement, le fait que l’animatrice de chant avait mis au programme un « Kyrie » et non un « Seigneur, prends pitié », ou un « Sanctus » et non un « Saint le Seigneur » ne semblait plus troubler personne… Dans bien des assemblées « classiques », depuis longtemps nul ne s’offusque plus de ce que, de temps à autre, une messe soit chantée avec guitares, trompette et batterie, et pas seulement lorsque celle-ci est animée par des « jeunes ». D’ailleurs, il suffit de voyager un peu pour se rendre à l’évidence : l’éthos du chant liturgique est bien différent selon que l’on est au Texas ou en Argentine ou à Kinshasa ! Même des formes de « dévotion » qui avaient connu un « coup de vieux » dans les années 1970-1980 ont retrouvé parfois une certaine jeunesse. Bref, après certaines expériences peu heureuses (aussi bien du point de vue théologique d’ailleurs que du point de vue pastoral), les choses semblaient rentrer d’elles-mêmes dans l’ordre.

Mais voilà, l’apaisement général a été troublé depuis une bonne dizaine d’années par ce qui nous semble relever de « frilosités » identitaires. Celles-ci, probablement favorisées par les déstabilisations culturelles et sociales en cours, ont conduit de nouveau vers des crispations idéologiques : ici, on remet la soutane à l’honneur, ou bien le prêtre ne se sent « bien » qu’en habits liturgiques « rétro » ; là on interdit aux fillettes d’être servantes d’autel (rôle réservé aux garçons ! [6]) ; ailleurs, on ne permet plus aux femmes de donner la communion ; ailleurs encore on n’imagine plus une veillée de prière qui ne se fasse en présence du Saint Sacrement exposé dans un ostensoir, etc. Des chapelles se forment, souvent alimentées par un néo-piétisme où ne sont vraiment goûtés que les chants en « je », les discours fondés sur l’immédiateté de la « présence » du Christ, l’importance accordée au ressenti plutôt qu’au recul critique, le charisme personnel du leader, etc.

Du même coup, l’important en liturgie réside dans le fait qu’elle « fait du bien », et tant pis si les chants choisis ne sont guère adaptés à une procession d’ouverture ou au temps liturgique : « Trouver dans ma vie ta présence » ou « Je n’ai d’autre désir que de t’appartenir » sont chantés aussi bien au carême qu’à Pâques, aussi bien pendant la procession des dons que pendant la communion, aussi bien dans un mariage que durant la célébration d’un dimanche « ordinaire »… On arrive encore à tenir le chant de l’anamnèse qui fait mémoire de la mort, résurrection et parousie du Seigneur, mais il faut être vigilant pour ne pas la sacrifier à un chant d’adoration qui paraît tellement plus immédiatement gratifiant ! Bref, on est en droit de se demander si l’on n’est pas en train de perdre une bonne part des intuitions majeures de la réforme liturgique du dernier Concile…

Exergue : N’est-on pas en train de perdre une bonne part des intuitions majeures de la réforme liturgique du dernier Concile ?

Des déséquilibres se sont déjà créés par rapport à ce dernier. La surabondance des expositions du Saint-Sacrement en fournit, parmi bien d’autres, un bel exemple. Certes, on les justifie habituellement en se référant au Concile : ne vit-on pas ces adorations dans le sillage de la messe et comme un prolongement de celle-ci, ainsi que le demande ce dernier ? Oui, mais les pratiques ne sont jamais aveugles : la multiplication des adorations de l’eucharistie, souvent instrumentalisées au service de besoins spirituels divers (besoin de silence priant, malades, veillée funéraire, prière communautaire, etc.) sont porteuses, qu’on le veuille ou non, d’une autre théologie de l’eucharistie que celle qui a été largement mise en valeur par le Concile. Là encore, n’est-on pas en train de perdre un élément théologique important remis en honneur par le Concile, à savoir que si l’eucharistie est bien « présence » du Christ, elle est aussi et même d’abord « mémoire » de lui, et mémoire en vue de la « réalité ultime » du sacrement qu’est la construction du « Corps ecclésial », comme le montre la tradition anaphorique ancienne qu’ont ravivée les prières eucharistiques de Vatican II ? Or, on peut craindre que l’on soit peu à peu en train de revenir sur ce qui semblait pourtant un acquis.

Notre jugement est-il trop pessimiste ? trop marqué par la déception face à l’élan qui avait été donné par Vatican II ? Les chrétiens qui ont bien connu l’Église d’avant le Concile, partant du sentiment d’un trop-plein de « chrétienté », vivaient généralement d’un paradigme qui était celui de la nécessité pour l’Église de s’ouvrir au « monde ». Le paradigme semble inverse pour les générations plus jeunes : parties d’un no man’s land religieux au contraire, elles éprouvent le besoin, disions-nous plus haut, non plus d’ouvrir les fenêtres, mais de reconstruire des murs. Réaction bien compréhensible évidemment, et qu’il faut prendre le temps de bien accueillir, mais à l’égard de laquelle il convient pourtant de demeurer vigilants : a-t-on le souci de pratiquer des ouvertures suffisantes dans lesdits « murs » ?

Quoi qu’il en soit, la tendance décrite ci-dessus nous semble suffisamment lourde pour inviter à y porter une vive attention. Moins lourde pourtant, sans doute, que la prise de distance de beaucoup de personnes de notre société postmoderne à l’égard de l’Église, distance que n’ont aucunement enrayée les réactions conservatrices des courants catholiques auxquels il a été fait allusion : Eppur si muove ! (« Et pourtant, elle tourne ! »), a-t-on envie de reprendre à la suite de Galilée ; on a en effet beau vouloir le contraire, cela n’empêche pas la société de continuer sa mutation culturelle en dehors de l’Église, et même contre elle, pas plus que l’orthodoxie du xviie siècle n’a empêché la terre de tourner autour du soleil et donc de ne plus être le centre de l’univers ! Reste donc la question : comment créer les conditions d’une réception du Concile qui soit à la hauteur de la « nouveauté » qui a été voulue par les Pères eux-mêmes ?

Redécouvrir la source

Le premier impératif est de redécouvrir la source ; la source conciliaire. La redécouvrir, c’est y revenir pour la revisiter. De ce retour à la source, nous ne retiendrons ici que les quatre points majeurs qui suivent :

L’œuvre du Christ

1. – D’abord, le n° 7 de la Constitution sur la liturgie met en relief cette donnée traditionnellement centrale selon laquelle la liturgie est considérée « comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ » ; plus précisément, elle est exercée « par le Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses membres ». Ainsi : « Toute célébration liturgique est œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église. » Le n° 7 de la Présentation générale de la liturgie des heures insiste dans le même sens : ce qui fait la « dignité de la prière chrétienne », c’est qu’« elle participe de la piété du Fils unique envers le Père » et qu’elle est l’œuvre de « tout le corps de l’Église, [lequel] participe au sacerdoce du Christ ».

Au cours d’une formation liturgique de cinq soirées à laquelle participaient plus de quatre-vingts laïcs d’un même doyenné en 2009, le développement de ce point dès la première soirée a été jugé (à notre surprise, il faut le dire) comme particulièrement important par les participants : « On ne nous avait jamais dit cela », ont déclaré beaucoup d’entre eux… Ainsi, des chrétiens, que l’on peut considérer, en tant que « pratiquants » habituels, comme appartenant plutôt à une « élite », n’avaient jamais imaginé ce qui est pourtant au cœur du « mystère » liturgique ! Redécouvrir la source conciliaire, c’est donc prioritairement rappeler que la liturgie est d’abord œuvre de Dieu : « Toi qui habites les louanges d’Israël »… « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange »… C’est, du même coup, être incité à lutter contre la tendance subjectiviste moderne à vouloir tout maîtriser et à confondre la fécondité de la liturgie avec la teneur émotionnelle suscitée par la qualité du « spectacle » ou par la « performance » du prêtre.

Une telle posture, en liturgie, qui laisse à Dieu la première place, appelle évidemment à la décentration ou décrispation, et honore la dimension la plus fondamentale de la liturgie : la dimension d’entrée dans « le mystère du Christ ». Cela ne rejoint-il pas d’ailleurs « l’Évangile » de Paul : celui de la « justification par la foi » ? Bien entendu, notre insistance ne remet aucunement en cause les efforts que l’on fait et que l’on doit continuer de faire pour améliorer la qualité de la « prestation » liturgique. Rien à voir avec le schème simpliste sur lequel pourraient surfer notamment des chrétiens conservateurs mal éclairés : puisque c’est l’œuvre de Dieu, qu’avons-nous besoin de tels efforts, il suffit d’exécuter le rituel ? Il ne s’agit donc pas de minimiser les efforts à faire en liturgie ; il s’agit seulement (mais dans ce « seulement », il y a beaucoup) de les déployer autrement, dans un autre esprit.

L’œuvre de l’Église

2. – Très lié au premier, le second point à faire ressortir de notre retour à la source conciliaire concerne l’affirmation, très traditionnelle elle aussi, mais exprimée avec une force sans égale par les nos 26-27 de la Constitution sur la liturgie, selon laquelle : « Les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est le “sacrement de l’unité”, c’est-à-dire le peuple saint réuni et organisé sous l’autorité des évêques [saint Cyprien]. C’est pourquoi elles appartiennent au Corps tout entier de l’Église, elles le manifestent et elles l’affectent. » On comprend dès lors que le Concile ajoute :

On a souvent attiré l’attention, depuis le Concile, sur le fait que la liturgie est constamment en « nous » : « nous t’offrons », « nous te rendons grâce », « nous te demandons », etc. Le P. Congar a fortement souligné, dans cette perspective, que ce « nous » ecclésial était « le sujet intégral de la liturgie [7] ». Nous retenons à ce propos deux points d’attention.

a). D’abord, l’ecclésialité fondamentale de la liturgie invite à résister à la tendance actuelle, déjà signalée, vers des liturgies « intimistes », avec des chants en « je » (pas le « je » christique des psaumes, mais le « je » individualiste et émotionnel moderne) et des musiques de murmure, au détriment du « nous » ecclésial et de la sortie de soi (dans une sépulture récente, le chant d’adieu « Entre les mains de notre Père » ou « Sur le seuil de sa maison » avait été remplacé par « Trouver dans ma vie ta présence »…). Le gommage, très « tendance », de la médiation ecclésiale et de la mise à distance au profit d’une prise immédiate sur le mystère est évidemment fort dangereux du point de vue aussi bien spirituel que théologique. Certaines insistances massives sur la « présence » du Christ ont une forme théologiquement gnostique et spirituellement piétiste. Les essais de recadrage anthropologique (la psychanalyse), philosophique (l’importance de la médiation, reconnue par les courants phénoménologiques et herméneutiques) et théologique (priorité de l’Église comme telle par rapport aux individus) n’ont souvent guère d’effet, quand ils ne suscitent pas un haussement d’épaules.

b). Ensuite, il convient de rappeler que la communauté ecclésiale est première par rapport au prêtre. L’articulation entre prêtre et assemblée demande à être théologiquement clarifiée. Deux formules, devenues presque des adages, expriment bien cela : « Un seul préside, mais tous célèbrent » ; « Dans l’Église, peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l’Esprit, tous font tout, mais pas au même titre. » Ces deux adages expriment une différence fondamentale entre prêtres et laïcs, mais rejettent toute concurrence entre les deux. Une manière d’énoncer théologiquement ce rapport prêtre/assemblée est la suivante [8] :

Le n° 20 des Praenotanda de notre Rituel du sacrement de la réconciliation devrait d’ailleurs attirer l’attention en ce sens : « Lorsque les ministres du sacrement pardonnent au nom de Dieu, ils exercent leur fonction au cœur même d’une action de l’Église dont ils sont les serviteurs. »

Actualiser le mystère pascal

3. – Un troisième rappel théologique fondamental concerne la liturgie, et éminemment l’eucharistie, comme mémoire actualisante du « mystère pascal ». Cette perspective anamnétique est, elle aussi, bien connue. Mais il n’est pas sûr que même les chrétiens « pratiquants » habituels l’aient vraiment découverte. Du point de vue pastoral, il nous paraît en tout cas de première importance d’aider les chrétiens à comprendre leur présence à l’assemblée dominicale sous le signe prioritaire d’une telle mémoire. La tentation est grande pour tous en effet de se replier sur la « présence » et d’en saturer la représentation de manière quasi gnostique. Or, la liturgie, parce que conservatrice, est têtue : après le récit de l’institution, elle appelle non pas un chant à la « présence réelle », mais à l’anamnèse. Ce « lieu théologique » rappelle que c’est par mode de « passage » que le Christ vient en présence dans l’eucharistie ; par mode de passage, c’est-à-dire non pas comme « Christ-en-soi », mais comme « Christ-pour », ainsi qu’il est dit dans les épiclèses de chaque prière eucharistique : pour la communion et, ainsi, pour le « devenir un seul Corps » par l’Esprit Saint moyennant cette communion. Ce qui vient d’être dit n’enlève évidemment rien à la vérité de la présence eucharistique ; cela vient la qualifier pour ce qu’elle est selon la tradition liturgique la plus ancienne et la plus ferme, Tradition que nos prières eucharistiques maintiennent contre les « vents et marées » des sensibilités théologiques de telle ou telle époque.

Contre la tentation que nous venons de signaler, il paraît important de rappeler aux chrétiens que leur présence à l’assemblée dominicale a pour enjeu prioritaire, non pas de s’acquitter d’un devoir (encore que ceci ne soit pas négligeable), ni de se ressourcer sur le plan spirituel (ressourcement qui, on l’espère bien, s’effectue, et en profondeur, à cette occasion), mais de tenir bien vivante au milieu des hommes la mémoire de ce pour quoi Jésus, le Christ, a donné sa vie et de ce pourquoi Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Le très regretté Didier Rimaud nous a fourni en ce sens de belles paroles, parfois chantées dans nos églises, telles que « Tenons en éveil la mémoire du Seigneur », ou bien : « Pour l’amour de cet homme » (voir encadré).

Encadré marginal à la hauteur du paragraphe précédent :
Pour l’amour de cet homme
Pour l’amour de cet homme
qu’on appelle Jésus,
un homme pour son Dieu,
un homme pour les autres :
Nous voici devant toi,
ô notre Père,
rassemblés devant toi
sous son Nom
Nous voici devant toi,
ô notre Père,
Serviteurs en tout lieu,
de ta plus grande gloire…
Didier Rimaud, s.j.

Quand l’eucharistie est ainsi vécue sous le signe de la mémoire, et quand cette mémoire est bien celle de la Pâque du Christ, c’est-à-dire une mémoire qui fait bouger le présent et est porteuse d’avenir, elle a un poids de spiritualité qui déborde largement la simple piété personnelle. L’acclamation d’anamnèse : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta Résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire » prend alors cette dimension de « mémoire dangereuse » (J. B. Metz) qui donne à la participation à la messe dominicale une large portée existentielle et historique [9].

L’intelligence spirituelle des sacrements

4. – Le dernier point de ce retour à la source conciliaire que nous voudrions mentionner concerne l’importance des épiclèses à l’Esprit Saint dans les textes issus de la réforme liturgique. Il est même désormais des bénédictions nuptiales qui comportent une véritable épiclèse sur les nouveaux époux. On se contentera ici de deux points d’insistance.

a). D’abord, c’est le même Esprit qui « fait » le triple corps du Christ, historique en Marie (action de grâce initiale), eucharistique dans le pain et le vin (épiclèse sur les dons), ecclésial dans l’assemblée qui communie au corps eucharistique (épiclèse de communion). La prise en considération théologiquement conséquente de cette lex orandi de l’Église s’oppose à la « dichotomie meurtrière » (de Lubac [10]) favorisée par la réaction, aux xiie et xiiie siècles, contre l’hérésie eucharistique de Bérenger de Tours : pour sauvegarder le « réalisme » du « corps eucharistique » du Christ, on coupa celui-ci de son « Corps ecclésial ». Si bien que là où, pour saint Augustin par exemple, c’est l’Église, en tant que construite par la communion au corps eucharistique, qui est le corpus verum du Christ, on ne comprit plus, au Moyen Âge, comme « corps véritable » que de celui l’eucharistie. Ainsi, selon les termes du P. de Lubac, le Corps ecclésial, qui pour Augustin appartenait à « la réalité ultime du sacrement », fut expulsé du « symbolisme intrinsèque » du mystère eucharistique pour n’en être plus que la finalité extrinsèque [11].

Certes, il importe de rigoureusement distinguer les deux corps : dans la communion, ce n’est pas l’Église que nous recevons, mais bien le corps personnel du Christ crucifié et ressuscité sous mode eucharistique. Mais il est tout aussi impératif de ne pas les séparer. Car, comme l’indique clairement la prière eucharistique, le Christ qui vient en présence dans le pain et le vin est bien le Christ comme « Corps personnel », mais « dans le lien indissoluble qui l’unit au Corps ecclésial [12] » ; le Christ personnel donc, mais en tant que par l’Esprit Saint il est en acte de vivification de son Corps-Église. Non pas donc le Christ « en soi », mais le Christ en tant que « Christ-pour » (« hyper »).

Dès lors, la mise en relief de l’action dynamique de l’Esprit requiert d’insister sur la dimension ecclésiale de l’eucharistie (et des autres sacrements). Nous pensons ici particulièrement à l’importance du geste de paix, qu’on avait fini par réserver aux clercs (comme d’ailleurs – enfin, presque ! – la communion elle-même), et que l’on voit parfois régresser aujourd’hui, soit pour des motifs d’hygiène (merci pour la liturgie aseptisée !), soit pour en éviter la « banalisation » (et la banalisation de la communion alors ?!). Le geste de paix est le « pendant » théologique et spirituel du geste de communion : il déploie le « ce-sans-quoi » la communion au corps eucharistique du Seigneur est inféconde. À condition, bien sûr, qu’on ne le présente pas simplement comme un « signe de paix », encore moins comme un « geste d’amitié » (!), mais qu’on le présente pour ce qu’il est, selon la force des paroles liturgiques remises en honneur par la réforme conciliaire : rien de moins que la transmission de « la paix du Christ » lui-même…

b). Notre second point d’insistance porte sur la réception « spirituelle » des sacrements. Il s’agit de combattre l’inévitable tendance de type « magique » qui sommeille en chacun par rapport à des rites qui sont censés faire à tous les coups ce qu’ils signifient. Loin de nous de vouloir remettre en cause la doctrine classique de l’« efficacité » des sacrements. Cette doctrine veut fondamentalement souligner que, puisque c’est Dieu qui agit dans les sacrements, ceux-ci, dès lors qu’ils sont célébrés comme il convient et dans la foi de l’Église, ne dépendent pas de la foi des sujets (ministres ou récepteurs), mais de la libéralité de Dieu. Par ailleurs, cette doctrine a tous les garde-fous nécessaires pour éviter les interprétations de type magique, à commencer par la distinction classique entre validité et efficacité subjective. Il n’en demeure pas moins que l’intelligence « spirituelle » des sacrements, terme qui s’oppose ici, comme chez saint Paul, à « charnel » (et non à « institutionnel » ou à « matériel » ou « sensible »), demande à être constamment rappelée pastoralement. Il faut donc rappeler à nos frères et sœurs chrétiens que la grâce n’est pas une « chose » que l’on pourrait en quelque sorte capitaliser ; elle est relation vivante avec Dieu, et elle se perd dès lors qu’on la traite comme une « valeur », fût-elle spiritualisée.

Exergue : La grâce est relation vivante avec Dieu, et elle se perd dès lors qu’on la traite comme une « valeur »

Dans cette même perspective d’intelligence « spirituelle » des sacrements, la mise en relief de la « table de la Parole de Dieu » par le Concile mérite d’être développée. Le fait que, comme le montrent sans exception tous les rituels, il n’est de geste sacramentel qu’après l’écoute d’un ou plusieurs textes de l’Écriture comme « Parole de Dieu » est l’indicateur de cette évidence encore trop méconnue : le sacrement n’est pas autre chose que le déploiement de l’intentionnalité de l’Écriture comme « Parole de Dieu ». Par conséquent, tout discours théologique ou manière de faire pastorale qui tend à minimiser l’importance de l’Écriture pour mieux souligner la force ou la « supériorité » du sacrement est le fruit d’une méprise théologique [13]. Cela a des conséquences, bien au-delà de la liturgie, sur l’ensemble de la pastorale : l’annonce de l’Évangile n’est-elle pas déjà communication du don de Dieu ? Celui-ci n’attend pas le moment du sacrement pour communiquer son amour sauveur.

Si importants qu’ils soient, ces divers éléments théologiques, remis en valeur par le dernier Concile et la réforme de la liturgie consécutive, ne suffiront pas à redonner à la liturgie le souffle dont elle nous paraît avoir besoin. Tout aussi décisive en cette affaire est la manière dont on habite le contexte culturel, donc la posture que l’on prend à l’égard de l’actuelle société. Si cette posture est fondamentalement défensive, rien ne changera, nous semble-t-il.

Aimer notre monde selon Dieu

Nous comprenons fort bien, ainsi que nous l’avons dit plus haut, que, compte tenu de leur point de départ et du contexte culturel actuel, les jeunes générations ont besoin d’assurance relativement fortes et que, de ce fait, elles apprécient particulièrement des propositions de prière communautaire qui avaient fait l’objet d’un rejet plus ou moins fort dans la génération de l’immédiat après-Concile. Qu’il faille répondre à une telle demande est évidemment une nécessité pastorale. Mais on espère bien que cela peut se faire, comme c’est d’ailleurs le cas en bien des lieux pastoraux, sans y sacrifier un certain nombre d’éléments théologiques remis en lumière par Vatican II et qui se sont avérés sources d’un véritable renouveau. Car la difficulté des temps pour l’Église, difficulté qui saute aux yeux dès que l’on observe (par exemple) la sensible diminution de la pratique dominicale, pourrait nous faire oublier tout ce que la réforme liturgique a apporté comme bienfaisant renouveau. Comme curé de paroisse, il nous arrive fréquemment de nous émerveiller de ce renouveau : a-t-on jamais vu communautés chrétiennes aussi vivantes ? Il n’est pas besoin de donner dans quelque mauvais « volontarisme » pour l’observer : l’immense majorité des chrétiens « ordinaires », comme nous l’a montré notre longue expérience personnelle comme prêtre en paroisse, ne demande aucunement un « retour » à la liturgie d’antan [14]. Ce que l’on demande plutôt, c’est un approfondissement de ce qu’a permis le dernier Concile : messes dominicales à la fois joyeuses et priantes, homélies nourrissantes, formation à l’intelligence de la liturgie au triple niveau anthropologique, théologique et spirituel.

Croire aujourd’hui

Qu’on nous permette d’y insister : les difficultés du « croire » aujourd’hui sont telles qu’il est de plus en plus difficile de tenir comme chrétiens, sans aller « au cœur de la foi », comme l’ont si bien vu nos évêques dans leur célèbre Lettre aux catholiques de France (1996) ainsi que dans le document de 2003 qui porte précisément ce titre. La situation culturelle et sociale « condamne » en quelque sorte les chrétiens à être des « spirituels ». Raison pour laquelle se manifeste une forte demande de prière dans les paroisses, que ce soit sous le mode de la lectio divina ou sous celui (assez diversifié en fait) du « renouveau ». Même les formations bibliques ou théologiques sont requises de manifester leur dimension proprement spirituelle. Comment ne pas s’en réjouir ? À condition toutefois que tout cela, qui enracine les personnes dans l’Évangile, soit vécu dans un rapport « heureux » au monde actuel. « Heureux », non pas bien sûr au sens où il s’agirait de tout « bénir » de notre actuelle société, mais au sens où, d’une part, on prend appui, dans la foi, sur le fondamental « oui » que Dieu a dit à notre monde en Christ, même si ce oui a dû traverser l’épaisseur d’un « non » qui a pris la figure de la croix [15] et où, d’autre part, on reconnaît dans cette société « postmoderne » qui est la nôtre des « valeurs » qui ne sont pas sans rapport avec la révélation judéo-chrétienne, et particulièrement avec l’Évangile [16]. C’est la raison pour laquelle les évêques de France peuvent déclarer, dans la Lettre susdite :

Bien entendu, tout comme celles de la liberté ou de l’universalisme, ces valeurs peuvent détourner de l’Évangile (« chacun pense ce qu’il veut » ; « tout se vaut »…). Il n’en demeure pas moins que les chrétiens devraient être heureux de pouvoir s’appuyer sur elles, tant elles donnent du poids au message et à la personne du Christ dans la société actuelle…

Comprendre et accompagner les mutations de notre temps

Or, en ce qui concerne la liturgie aujourd’hui, la question fondamentale est là : quelle posture prend-on par rapport à notre actuelle société ? Cette posture peut d’ailleurs être elle-même assez largement déterminée par le type de jugement philosophique que l’on porte, par exemple, sur le « siècle des Lumières » et (conséquemment ?) sur le « tournant linguistique » du xxe siècle et sur l’ensemble des « sciences humaines ». Toujours est-il, nous semble-t-il, que, dans les conditions de notre présent xxie siècle, la réception positive de Vatican II comme « événement » destiné à produire du neuf en liturgie est fortement liée au jugement que l’on porte globalement sur notre société. Le type de liturgie que l’on souhaite est dès lors largement dépendant de la manière dont on comprend le rôle de l’Église et celui des chrétiens dans le monde actuel. Il nous semble, personnellement, que l’amour de notre monde selon Dieu devrait pousser l’Église, à un moment où sa situation critique dans les démocraties occidentales l’interroge profondément, à oser poursuivre, plutôt qu’à freiner, le renouvellement voulu par le dernier concile. Les évolutions en cours sont si profondes qu’on en parle, à juste titre croyons-nous, comme d’une « mutation ». S’arc-bouter « contre » cette mutation, c’est s’inscrire, éventuellement de manière non consciente, dans un projet de contre-société. Cette posture ne favorise guère la mission de l’Église, à savoir l’annonce évangélique d’un Dieu qui aime ce monde et croit suffisamment en lui pour l’appeler à la conversion.

Tout cela invite notre Église à faire le deuil de sa figure « grégorienne » ou tridentine et à accepter d’être en transit vers une autre figure [17]. De ce « passage » pascal, la liturgie peut être à la fois le symbole et le vecteur… Puisse donc cette liturgie trouver, dans la fidélité créatrice à la Tradition voulue par le Concile, le souffle nouveau dont elle a besoin.

[1Pierre-Marie Gy, « Situation historique de la Constitution », dans Y. Congar (éd.), La Liturgie après Vatican II, Paris, Éd. du Cerf, coll. « Unam Sanctam », n° 66, 1967, p. 114 et p. 123.

[2Daniel Hameline, « La créativité, fortune d’un concept ou concept de fortune ? », La Maison-Dieu n° 111, 1972, p. 84-109.

[3L’épître aux Hébreux souligne fortement le fait que le Christ a été consacré grand-prêtre par le mouvement inverse : non plus en étant arraché à l’humanité, mais en se faisant au contraire le frère en humanité de tous jusque dans la mort (Hébreux 2 – voir Albert Vanhoye, Prêtres anciens, Prêtre nouveau selon le Nouveau Testament, Paris, Éd. du Seuil, 1980).

[4Signalons que, selon Émile Benveniste : « C’est en latin que se manifeste le mieux la division entre le profane et le sacré » (Le Vocabulaire des institutions indo-européennes, t. II, Paris, Éd. de Minuit, 1969, p. 187-188). Cela a largement permis par la suite la distinction, puis la séparation entre le « temporel » et le « spirituel », entre les « laïcs » et les « clercs », avec les considérables incidences politiques et culturelles que cela a entraîné.

[5Yves-Marie Congar, « Situation du “sacré” en régime chrétien », dans La Liturgie après Vatican II, loc. cit., p. 385-403 (C).

[6On tente alors de légitimer cette décision en valorisant le rôle des fillettes (elles font, par exemple, les lectures) et en les nommant « servantes de l’assemblée », c’est-à-dire, comme il est dit sur le site d’un diocèse, « servantes du Corps mystique », là où les garçons seraient les « servants du corps eucharistique »… On croit rêver : où a-t-on jamais lu dans la tradition théologique que les prêtres (des hommes, donc) seraient ordonnées au service du second, et pas du premier ? Quant à l’argument des vocations de prêtres favorisées par le service de l’autel, il convient au moins de s’interroger : le nombre de « vocations » issues des servants d’autel est-il d’abord dû au fait que les garçons ont exercé ce service ou à leur origine familiale, origine qui favorisait également leur désir de devenir prêtres ?

[7Y. Congar, « L’ecclesia ou communauté chrétienne, sujet intégral de l’action liturgique », dans La Liturgie après Vatican II, loc. cit., p. 241-282.

[8Nous nous permettons de citer ce que nous écrivions dans l’article sur « Les ministères de laïcs : vers un nouveau visage d’Église ? », dans La Maison-Dieu n° 215, 1998, p. 44-45.

[9On aura reconnu ici le thème célèbre de J. B. Metz sur le « souvenir dangereux », titre du chap. 5 de son ouvrage La foi dans l’histoire et dans la société, Paris, Éd. du Cerf, coll. « Cogitatio fidei », n° 99, 1979. Voir aussi son récent Memoria Passionis, Paris, Éd. du Cerf, coll. « Cogitatio fidei », n° 269, 2009.

[10Henri de Lubac, Corpus mysticum, Paris, Aubier, 1944, p. 257.

[11Ibid., p. 283.

[12J.-M. R. Tillard, Chair de l’Église, Chair du Christ, Paris, Éd. du Cerf, coll. « Cogitatio fidei », 1992, p. 64.

[13Ce point est développé dans L.-M. Chauvet, Le corps, chemin de Dieu : les sacrements, Montrouge, Bayard 2010, chapitre « Parole et sacrement », p. 105-130 (voir aussi RSR 91/2 [2003], p. 203-222).

[14En ce sens, la grande faiblesse statistique des demandes de célébration dans le rite « extraordinaire » (celui de Jean XXIII, juste avant la réforme conciliaire de la liturgie) permis par Benoît XVI est significatif…

[15Thème bien développé par H.-J. Gagey, dans La Nouvelle Donne pastorale, Paris, Éd. de l’Atelier, 1999.

[16Voir en ce sens, et indépendamment de toute adhésion confessionnelle, l’ouvrage de Marcel Gauchet, Le Désenchantement du monde, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1985, p. 92-113.

[17Sur le dépassement de la « figure grégorienne » de l’Église (celle issue de la réforme voulue par Grégoire VII, à la fin du xie s.), figure confortée par le concile de Trente, voir Ghislain Lafont, Imaginer l’Église catholique, Paris, Éd. du Cerf, coll. « Théologies », 1995, chap. 2.

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Louis-Marie CHAUVET

Curé du diocèse de Pontoise, professeur à l’Institut catholique de Paris.

Publié: 01/06/2011