Non soldé

En janvier, les soldes battent leur plein. Les acheteurs sont nombreux d’autant que les conditions climatiques laissent les commerçants perplexes. Que vont devenir les collections préparées ? Tout en rejoignant un groupe biblique, je passe devant les boutiques toutes sur « le pied de guerre ». Je réalise, alors, que « l’article » que j’ai dans mon cartable n’est jamais soldé : la Bible.

Depuis des siècles et même des millénaires, les chrétiens ouvrent le même livre, jamais soumis à l’impératif de collections nouvelles proposées à chaque saison. Pas de soldes ni de rabais sur aucune de ses pages. Pas de mention : « Deuxième démarque » ou « Troisième démarque ». Ce qui fait l’originalité du message, c’est qu’il s’adresse aux hommes de tous les temps et de tous les pays.

Sa valeur et son actualité sont là ! La Bible n’est pas affectée par une quelconque dévalorisation que connaissent les produits périodiquement soldés ; plus les démarques s’affichent et plus robes, pantalons ou survêtements semblent perdre leur valeur. « Brader » une chose, c’est un peu la condamner à une sorte de dépréciation.

Mais l’acheteur averti remarque que certains articles ne sont jamais soldés. Leur prix, jamais revu à la baisse, est l’indice de leur qualité. Le message évangélique se range-t-il dans la catégorie des « bons produits » ? C’est indéniable si on considère sa longévité. Toutefois, pour nos contemporains, une question se pose : ne faudrait-il pas, de temps en temps, ajuster son habillage, sa présentation ? Si le récit évangélique reste toujours le même, sa réception est fonction du contexte culturel et historique, chacun de nous faisant l’expérience de paroles qui résonnent différemment au fil des ans et des événements.

Tout cela ne fait que mettre en avant le paradoxe vécu par l’Église, dans sa mission : l’annonce d’un « testament toujours nouveau ». Qui dit « testament » évoque la transmission du passé ! Qui dit « nouveau » dit son actualité ! L’Évangile dit bien de ne pas mettre du vin nouveau dans de vieilles outres !

Dans ce monde de la consommation et des intérêts passagers, le message évangélique pourrait rejoindre beaucoup d’hommes et de femmes qui, lassés d’avoir été des consommateurs souvent manipulés, attendent autre chose pour donner sens à leur existence. Les Béatitudes, à huit reprises, disent « heureux, heureux…. » Ne seraient-elles pas une réponse ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/01/2018