Une place préparée

Pierre ne se fait aucune illusion, il sait qu’il va mourir. « Je suis prêt », dit-il à sa femme. Depuis quelques jours, il a laissé naître dans sa tête et dans son cœur cette perspective de la mort. Elle ne lui apparaît plus comme une question métaphysique sur laquelle il a échangé de multiples fois. En pleine conscience, il peut évoquer sa propre mort. Sa sérénité est bien accueillie par son épouse qui ne cherche pas à le détromper. Non seulement il sait mais il semble se rendre disponible pour la vivre. L’équipe médicale fait le nécessaire pour alléger ses souffrances et son entourage lui manifeste une grande affection.

Quand je le rencontre, il est tout heureux et veut bien échanger en présence de son épouse. Il est croyant et je sais que mes paroles seront reçues comme paroles de croyant. Je lui dis une parole de l’Évangile : « Je pars vous préparer une place et là où je suis vous serez vous aussi. » Pierre acquiesce à ces propos en esquissant un léger sourire. Peut-être est-ce l’ultime expression d’une fin qui l’habite déjà…

À plusieurs reprises, dans des circonstances similaires, il m’est arrivé de reprendre la même citation évangélique. J’ai souvent perçu, à travers quelques regards ou des balbutiements, que cette parole de Jésus était lumière, comme si elle donnait tout son sens à LA mort qui devenait passage vers une rencontre.

En un temps où l’on s’interroge sur la fin de vie avec l’actualisation de lois et de pratiques, n’est-il pas souhaitable d’éviter de s’enfermer dans la seule question de l’euthanasie ? La promesse d’un au-delà qui échappe à nos sens nous invite à un acte de foi dans un abandon total, signe d’une grande confiance.

Les croyants savent très bien que cette invitation n’est pas reçue par tous et ils restent pleins de respect pour ces personnes-là, sans chercher à imposer leur point de vue. Dans le débat actuel, il est tout aussi souhaitable que, bien simplement, par leur présence auprès des mourants ou par quelques paroles, ils témoignent de la promesse faite à tous à travers le message biblique.

Il est heureux que des demandes d’onction des malades, appelée autrefois “extrême-onction”, soient adressées aux équipes d’aumônerie hospitalière. Loin d’être une proposition qui pourrait effrayer les malades et les familles, ce rite peut permettre de trouver une certaine sérénité, un apaisement même.

Ces quelques réflexions pourraient trouver un écho dans le débat sur la fin de vie qui, dans la foi, est la porte d’accès à une vie sans fin. Allant plus loin encore, le jésuite François Varillon n’affirmait-il pas que nous mourrons tous déjà ressuscités et que « la résurrection est à l’intérieur même de la mort » ?

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/03/2017