La boutique est ouverte

Elle balbutie sa demande tellement elle est peu familière de l’Église. Elle voudrait le baptême de son enfant pour le jour de Pentecôte. Elle ajoute : « Mais c’est un jour chômé ! » sous entendu : « Est-ce que les prêtres travaillent ce jour-là ? » Étonnement de la secrétaire paroissiale qui entend un tel propos. Cette question en dit long sur la distance de beaucoup de nos contemporains avec l’Église. Ils n’en connaissent plus les pratiques. À leurs yeux, elle fonctionne comme la société. Les jours chômés, on ne travaille pas. Et pourquoi, toujours dans cette optique, les prêtres qui « travaillent » le dimanche ne seraient-ils pas payés en heures supplémentaires ?

Non, ma chère dame. Vous qui demandez le baptême de votre petit enfant pour Pentecôte, rassurez-vous : « La boutique Eglise est ouverte tous les jours ! Pas question de jours chômés. » Ce qui l’anime, jours ouvrables ou pas, c’est l’annonce de la Bonne Nouvelle, et pas seulement au moment du baptême d’un enfant, d’un décès ou d’un mariage. Le message de Jésus Christ, dans l’Évangile, éclaire à tout instant nos vies et donne du sens à chacun de nos gestes. Il y a certes des temps forts de la vie de l’Église, des rassemblements pour les sacrements, des fêtes liturgiques, qui déploient d’une manière plus particulière son message. Pour autant, à la suite de Paul, pilier de l’Église primitive, les chrétiens peuvent dire : « L’amour du Christ nous presse et nous devons proclamer la Parole, insister à temps et à contretemps. »

Cette demande quelque peu surprenante s’inscrit dans un nouveau contexte. Jusqu’à présent les acteurs de l’Église, pratiquement les seuls que connaissait le grand public, étaient les prêtres. De par leur statut et leur style de vie, ils manifestaient une entière disponibilité pour répondre à n’importe quelle sollicitation.

Aujourd’hui la présence de laïcs en responsabilité vient modifier cette vision. La plupart du temps, ce sont des hommes ou des femmes mariés, chargés de famille, parfois en activité professionnelle. Leur disponibilité ne peut se vivre sur le modèle clérical. Les secrétariats paroissiaux ne sont ouverts souvent qu’à certains jours et à certaines heures. Toutefois des numéros de téléphone sont donnés pour répondre à une urgence (sépulture entre autres). Que la disponibilité des laïcs comme celle des prêtres change… c’est sûr. Les uns comme les autres ont droit à un temps de repos pour leur équilibre de vie !

Tout cela se modifiera encore plus dans l’avenir. En regardant deux mille ans du christianisme, l’histoire nous apprend que l’annonce de l’Évangile s’est faite de diverses manières et que l’Église a dû prendre en compte des réalités culturelles diverses. Loin de s’être affadie, elle reste et restera toujours message vivant pour aujourd’hui. Cet enfant qui sera baptisé à Pentecôte aura quarante ans en 2053 : l’Évangile sera toujours d’une grande actualité ! Sur la porte de l’église, on ne lira jamais : « Fermé, Dieu est en congé. »

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/04/2013