Vite !!!

Multiples, diversifiés, astucieux même, les slogans publicitaires sont construits avec le mot clé « Vite » : ouvrez vite, grattez vite, répondez vite, découvrez vite ! Chaque jour nous sommes ainsi interpellés, bousculés par les spots de la télé. Les courriers et les « ventes flash » se succèdent à vive allure sur Internet, en ne nous laissant aucun répit. Nous pouvons ressentir ces multiples sollicitations comme des agressions. Si nous refusons cette pression, ce n’est pas mieux ; nous passons pour des demeurés ! Pourtant nous ne voudrions pas être des consommateurs programmés, matraqués, qui vont courir à la première grande surface acheter le nouveau produit ou envoyer par retour du courrier, après grattage bien sûr, la commande qui fera de nous des heureux gagnants.

Les promesses sont enjôleuses. Pourquoi différer le plaisir de recevoir chez nous le cadeau qui nous a été attribué ? Serions-nous naïfs au point de penser que notre voisine ou que notre cousin n’a pas reçu le même courrier que le nôtre ? Tous ceux qui grattent « vite » découvrent nécessairement les trois symboles qui donnent droit à un « cadeau surprise » joint obligatoirement à la commande. Mais attention, faisons parvenir au plus vite notre courrier !

Que donnent à voir ces pratiques commerciales ?
Une société qui vit dans l’immédiateté, le ponctuel, et qui occulte la dimension du temps.
Nous voici redevenus des enfants qui exigent le « maintenant et tout de suite », tout en pleurant et en tapant du pied. Ces pratiques publicitaires nous infantilisent. Nous pensions avoir mûri, accédé au temps de la réflexion et voilà que la publicité ne fait que nous dire : pas besoin de réfléchir, de vous mettre à comprendre, on a pensé la solution à tous vos problèmes, elle est immédiate. Téléphonez vite, cliquez immédiatement : vous aurez le produit miracle pour la propreté du four de votre cuisine, pour votre transpiration ou le conseil nécessaire pour la meilleure assurance. Attendre, ce n’est pas vivre. C’est pour cela qu’il faut faire vite.

Bien avant l’époque actuelle, Rabelais disait : « Le temps est père de la vérité. »
Serait-ce que notre société nous détourne de la quête de la vérité ? Serait-ce que, restant enfant, nous n’accéderons jamais à notre maturité ? Nous avons souvent chanté : « Pour faire un homme, mon Dieu, que c’est long ! » Si nous ne réhabilitons pas la notion du temps, avec un passé et la perspective d’un avenir, nous aurons une humanité qui sera victime de l’éphémère, sans avenir.

Alors si nous sommes importunés par cette lettre qui arrive avec la mention « vite » sur l’enveloppe... ou par une sollicitation sur Internet, le message est clair :

Puisqu’il faut faire vite, ne traînons pas, mettons « vite » au panier tout cela !
Nous voulons vivre à notre rythme !

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/09/2012