Dieu serait-il devenu bavard ?

À l’heure d’une sécularisation galopante, faut-il oser affirmer sa foi avec assurance et en donner des « preuves » ? Faut-il la proclamer à nouveau sur les places publiques ?

Ces questions me viennent à l’esprit alors que je découvre, par le biais de catholiques convaincus, une littérature pour le moins étonnante. Non seulement ils veulent me la faire connaître mais aussi que je la reconnaisse comme enrichissante pour ma spiritualité.

Il y est question d’apparitions, de révélations de plus en plus fréquentes, de descriptions précises sur ce qui se passe dans l’enfer, au purgatoire et au ciel. Descriptions pires que tout ce que l’iconographie des siècles passés a mis sous nos yeux pour nous faire peur, me dit-on. Encore aujourd’hui, on me parle de Maria Valtorta, une mystique chrétienne ayant bénéficié, de 1943 à 1953, de visions de scènes de l’Évangile réunies dans une œuvre monumentale (plus de vingt volumes) : L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. De quoi faire pâlir le merveilleux des évangiles apocryphes. Même si ces écrits ont été condamnés par le pape, des catholiques passent plus de temps à les lire que le Nouveau Testament.

La maison d’édition Stella Maris publie régulièrement une revue avec, dans chaque numéro, de soi-disant récits « d’apparitions » et de « miracles » : une fontaine immaculée en Allemagne, les portes ouvertes sur l’au-delà ou encore des témoignages de personnes répondant à des appels mystérieux pour écrire un « cahier tout neuf » avec ce que leur dit Marie ! Cela donne des livres accrocheurs : C’est l’heure des miracles, Les âmes du purgatoire racontent, Que se passe-t-il au ciel quand nous prions... Si vous émettez quelques doutes et manifestez beaucoup de méfiance, vous êtes taxé d’un manque de foi et de fidélité à la Vierge qui appelle avec insistance.

Cette littérature veut stimuler une foi chancelante, avec preuves à l’appui. Elle ne supporte pas le crible de la raison que les derniers papes ont présenté comme une nécessité pour nos contemporains. Je doute de l’authenticité de ces signes merveilleux, qui ne se prêtent à aucun discernement. Ces révélations et ces manifestations paraissent bien éloignées du message biblique où Dieu est reconnu comme le Dieu caché, le maître absent qui laisse le monde à la gérance de l’homme. Jésus lui-même, demandait que l’on n’ébruite pas trop ses gestes de guérison qui relevaient un infirme, ou qui donnaient la vue à un aveugle.

Toute la spiritualité chrétienne met l’accent sur Dieu au plus intime de chacun et qui nous invite à l’y reconnaître.

Oui ! Dieu n’est pas bavard... il ne s’impose pas. Il incite plutôt au silence.

Le prophète Elie témoigne d’une rencontre avec Lui, non pas dans les éclairs, le grand vent, mais dans le souffle d’une brise légère.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/05/2012